AFP, Londres, 19 février – L’Iran aura d’ici six mois à un an acquis le savoir-faire pour enrichir de l’uranium à une échelle industrielle, a affirmé mardi le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Mohamed ElBaradei.
Téhéran pourrait disposer de 3.000 centrifugeuses dans les prochains mois, a-t-il déclaré dans un entretien au Financial Times à paraître mardi et dont le contenu a été transmis à l’AFP lundi soir.
« Cela pourrait être six mois, cela pourrait être un an », a-t-il indiqué.
M. ElBaradei a également estimé que l’Iran allait très probablement ne pas se conformer à la demande du Conseil de sécurité de suspendre ses activités d’enrichissement d’uranium.
Le directeur de l’AIEA doit rencontrer mardi à Vienne le principal négociateur nucléaire iranien, Ali Larijani, avant de remettre cette semaine un rapport crucial au Conseil de sécurité des Nations unies sur le programme nucléaire iranien.
M. ElBaradei doit y indiquer si l’Iran a accepté ou non de se plier à la résolution du Conseil de sécurité, votée le 23 décembre dernier, qui réclame la suspension de l’enrichissement d’uranium. Téhéran a refusé jusqu’à présent de s’y conformer.
Mais pour M. ElBaradei, « il y a une grande différence entre acquérir le savoir-faire pour l’enrichissement et développer une bombe » atomique. S’appuyant sur les estimations des services de renseignement américains et britanniques, il a estimé que l’Iran ne serait en mesure de produire une arme nucléaire que d’ici cinq à dix ans.
L’inquiétude concernant la capacité d’enrichissement était « pertinente il y a six mois, elle ne l’est plus aujourd’hui car l’Iran fait fonctionner ces centrifugeuses depuis au moins six mois », a-t-il estimé.
« La situation idéale est de s’assurer qu’il n’y a pas de capacité industrielle, qu’il y a des inspections complètes » des installations nucléaires iraniennes, a-t-il indiqué. « Vous ne pouvez pas bombarder le savoir-faire », a-t-il ajouté.
Les pays occidentaux, qui demandent une suspension de l’enrichissement, craignent que l’Iran n’utilise cette technologie pour la fabrication de l’arme atomique. Mais Téhéran a toujours affirmé que son programme nucléaire était pacifique et seulement destiné à produire de l’électricité.
Selon M. ElBaradei, l’Iran dispose d’ores et déjà d’une cascade de 164 centrifugeuses à Natanz destinée à enrichir l’uranium à une échelle industrielle. Il a précisé au Financial Times que les expériences de la République islamique avec deux autres cascades de 164 centrifugeuses dans le cadre d’un programme pilote donnaient des résultats.
Le Conseil de sécurité a voté le 23 décembre une résolution imposant des sanctions limitées contre les programmes nucléaire et balistique de l’Iran après son refus de toute suspension de son enrichissement d’uranium.