IranNucléaireLes bruits de bottes contre l'Iran s'intensifient

Les bruits de bottes contre l’Iran s’intensifient

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Le Figaro, 21 février – Par Arnaud de la Grange – L’impasse diplomatique autour du nucléaire iranien fait craindre à certains, et espérer à d’autres, une action militaire américaine.

Dans ces folles cités émiriennes que sont Abu Dhabi et Dubaï, on aimerait ne parler que finance, musées et développement touristique. Mais les bruits de bottes – de réacteurs serait plus exact – qui résonnent de plus en plus fort d’une rive à l’autre du golfe Persique viennent couvrir ces pacifiques conversations. On vit ici suspendu à l’hypothèse de frappes américaines contre l’Iran, que les dernières révélations de la BBC sur des plans d’offensive aérienne viennent conforter. Et l’on suit le long chapelet de preuves des menées déstabilisatrices de Téhéran, égrené jour après jour par Washington. « L’ambiance rappelle celle de 2002 avant l’Irak, quand Bagdad était accusé de fourbir des armes de destruction massive, de soutenir le terrorisme, de ne pas se plier aux résolutions de l»ONU et d’être le principal obstacle à la démocratisation de la région, confie un expert étranger. Si on remplace le mot Irak par Iran, on n’est pas loin du compte… »

AMBITIONS SAOUDIENNES

En première ligne, les pays du Golfe sont tiraillés entre la tentation de voir d’un bon oeil une action affaiblissant l’Iran et la crainte des risques de déstabilisation qu’une telle aventure comporte. Les monarchies de la région ont en commun la phobie de la menace iranienne, avivée par la marginalisation des sunnites face aux chiites en Irak. Mais sur la manière de la circonscrire, les avis divergent. On ne voit pas les choses de la même façon à Dubaï – où l’activité économique iranienne est énorme -, ou à Oman – qui a toujours joué les bons offices avec l’Iran et contrôle le détroit d’Ormuz avec lui – qu’à Riyad. L’Arabie saoudite, aux ambitions régionales de plus en plus affirmées, peut ainsi être tentée par une ligne plus dure.

Il y a deux semaines, le plus haut dignitaire de l’islam chiite au Liban, cheikh Fadlallah, a averti les régimes du Golfe qu’en cas d’attaque contre l’Iran, « le feu se propagera jusqu’à eux : ils ne doivent donc pas commettre un nouveau péché en soutenant les États-Unis, en couvrant ou en facilitant leurs actions », a-t-il dit. Posture difficile à tenir, même avec la meilleure volonté du monde.

Les Américains disposent d’un réseau de bases dans toute la région : au Koweït, où est stationné un important dispositif terrestre, au Qatar, avec la gigantesque base aérienne d’al-Udeïd, et à Bahreïn, QG de la Ve flotte (voir encadré). Plus modestement, des ¬avions américains stationnent aussi aux Émirats arabes unis et à Oman, deux pays qui ont cependant demandé à ne pas servir de base de départ à des raids sur l’Iran.

EFFERVESCENCE CHIITE

« Les Iraniens n’ont pas les moyens de suivre une escalade»verticale*, purement militaire, avec les États-Unis, commente un observateur, ils risquent donc de choisir une escalade»horizontale*, c’est-à-dire en jouant de leurs capacités de nuisance dans la région comme au-delà. » En clair, en se servant du Hezbollah libanais ou des rebelles irakiens, comme de cellules terroristes pouvant frapper des intérêts américains ou israéliens un peu partout dans le monde.

« Dans le Golfe, nous craignons bien sûr des représailles sur des implantations américaines ou des installations pétrolières, ou encore un blocage d’Ormuz, explique une source émirienne, mais ce n’est pas forcément le plus probable, car ce serait considéré par Washington comme une attaque frontale lourde de conséquences. » Les pays du Golfe redoutent qu’une attaque contre l’Iran ne crée l’effervescence au sein de leurs populations, et bien au-delà des communautés chiites qu’ils peuvent héberger. A fortiori si Israël était impliqué. « Ahmadinejad sait bien jouer sur un anti-impérialisme occidental rassembleur, et cela marche, explique la même source, toute la rue arabe et musulmane peut y être sensible en cas de conflit. »

Le deuxième porte-avions américain, l’USS Stennis, envoyé en renfort de l’USS Eisenhower, est arrivé cette semaine dans le Golfe. À la fin du mois, tout sera en place pour une éventuelle attaque. Le patron du Pentagone, Robert Gates, a confirmé que tout cela était bien tourné vers l’Iran. Non pas pour une action imminente, mais afin de se faire respecter dans la négociation. Soit. Mais un autre petit fait retient ici l’attention : le remplacement du général Abizaid, à la tête du Central Command américain qui dirige les opérations dans la région, par l’amiral Fallon. À un « terrien » succède donc un marin, issu d’une armée technologique, au profil idéal pour conduire une campagne iranienne, qui serait a priori purement aérienne.

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