AFP, Téhéran, 12 janvier – L’Iran a mis en garde les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui doivent visiter jeudi le site militaire de Parchine, contre tout acte d’espionnage militaire, et affirmé qu’il allait reprendre bientôt l’enrichissement d’uranium.
« Nous sommes vigilants. Nous avons autorisé l’inspection de nos installations militaires mais nous ne permettrons aucune opération d’espionnage et de vol d’informations dans nos sites militaires », a déclaré Hossein Moussavian, porte-parole de l’équipe des négociateurs nucléaires iraniens.
Il s’exprimait lors d’un séminaire politique organisé par l’Organisation des industries militaires, a rapporté l’agence de presse Mehr.
« Il n’est pas nécessaire que les inspecteurs entrent dans les installations, ils sont autorisés à faire des prélèvements à l’extérieur (des bâtiments) à l’aide de leurs équipements », a-t-il précisé.
Un peu plus tôt, l’agence estudiantine Isna avait affirmé que « les inspecteurs de l’AIEA, arrivés mercredi matin, allaient rester en Iran pendant une semaine et visiteront Parchine demain (jeudi) pour effectuer des prélèvements ».
Parchine est un immense complexe militaire situé à environ 30 km au sud-est de Téhéran.
Dimanche, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi, avait affirmé que les inspecteurs de l’AIEA n’étaient pas autorisés à inspecter « les installations militaires de Parchine ».
« L’AIEA a demandé l’autorisation pour pouvoir faire des prélèvements de l’espace vert de Parchine à cause des allégations des Américains et d’autres milieux (…) Pour montrer que nous n’avons rien à cacher et que notre programme nucléaire est pacifique, nous avons autorisé l’agence à le faire », avait-il dit.
Un haut responsable américain a récemment affirmé craindre que des tests menés sur des explosifs de forte puissance dans les installations de Parchine « puissent concerner des armes » nucléaires. Il s’agirait, selon ce responsable, de tests à blanc pour la charge explosive d’une bombe atomique. L’Iran a démenti ces accusations.
Pendant huit mois, Téhéran s’était refusé à laisser visiter Parchine, où sont exécutés des projets de défense.
Par ailleurs, Hassan Rohani, responsable du dossier nucléaire, a affirmé que l’Iran allait reprendre bientôt l’enrichissement d’uranium.
« La suspension de l’enrichissement est pour une période limitée », a-t-il souligné. A travers cette suspension, l’Iran tente d' »obtenir la confiance de la communauté internationale et arriver à une entente globale avec l’Europe dans les domaines politique, économique, sécuritaire et nucléaire », a déclaré M. Rohani en recevant le vice-ministre japonais des Affaires étrangères, Ichiro Iezawa.
« L’Iran ne permettra pas que des pays arrêtent son programme d’enrichissement », a insisté M. Rohani. « L’Iran va reprendre l’enrichissement bientôt sous le contrôle de l’AIEA et dans le cadre de ses engagements internationaux », a-t-il dit.
Le directeur général de l’AIEA, Mohamed ElBaradei, a proposé vendredi que tous les pays s’engagent à ne pas ériger de sites d’enrichissement d’uranium ou de retraitement nucléaire pendant cinq ans.
« Nous avons une capacité mondiale d’enrichissement et de retraitement suffisante », a estimé M. ElBaradei dans un entretien avec le quotidien japonais Asahi Shimbun.
La proposition sera examinée en mai à New York à l’occasion de la conférence sur le Traité de non-prolifération nucléaire, a-t-il affirmé au quotidien.
L’uranium hautement enrichi peut servir aussi bien à des fins civiles que militaires.
Sur demande du conseil des gouverneurs de l’AIEA et en échange d’un accord de coopération avec trois grands pays de l’Union européenne (Allemagne, France, Grande-Bretagne), l’Iran a accepté fin novembre 2004 de geler les activités liées à l’enrichissement.
L’Iran met en garde l’AIEA contre tout acte d’espionnage militaire
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