The Wall Street Journal, 31 juillet – Par GLENN R. SIMPSON et DAVID CRAWFORD – (Extraits) La Deutsche Bank et la Commerzbank, les deux plus grandes banques dEurope, qui continuaient de faire affaires avec lIran en dépit de la pression exercée récemment par les États-Unis, annoncent quelles cesseront la plupart de leurs relations avec des sociétés iraniennes.
Si l’Iran perdait ces liens avec les deux banques allemandes, cela représenterait un coup dur pour le pays, à moins que celui-ci ne se rallie rapidement à dautres banques pour soutenir son commerce international. LIran transfère de largent via des comptes en euros dans ces deux établissements allemands et dépend de ceux-ci pour le financement dopérations commerciales, selon les hauts responsables du contre-terrorisme qui scrutent le système financier mondial.
Cette décision est susceptible de pousser lIran à se tourner vers dautres nations moins favorables à la pression américaine contre son gouvernement. L’Iran utilise déjà la Banque de Chine à Pékin pour certaines de ses transactions internationales, affirment des personnes ayant accès à des informations secrètes d’ordre financier.
La Deutsche Bank et la Commerzbank sont devenues les centres financiers les plus importants pour l’Iran en Europe au premier semestre 2007, tandis que les autres banques européennes cédaient à la pression des États-Unis, daprès de hauts responsables aux USA et dans dautres pays chargés de la surveillance du systèmes financier international. Les États-Unis tentent de renforcer la pression contre lIran afin de lui faire abandonner son programme de combustible nucléaire qui, selon Washington et d’autres gouvernements occidentaux, est destiné à produire des armes nucléaires. Téhéran affirme que son programme a des fins purement civiles.
LIran compte depuis toujours sur lEurope pour ses besoins financiers face aux sanctions américaines. LAllemagne représente une de ses principales sources d’importations, le pays ayant fourni 14 % de ses importations en 2006. Ni lAllemagne, ni les autres gouvernements européens n’imposent de sanctions économiques générales à l’Iran.
Ces derniers mois, les hauts responsables du ministère des Finances américain ont exprimé directement aux hauts dirigeants de ces banques et du gouvernement allemand leur inquiétude face à la situation. Il y a quelques semaines, la Commerzbank a informé les hauts responsables du Trésor lors dune réunion à Francfort, quelle cessait toutes relations avec lIran, selon des personnes ayant eu vent de ce meeting. Le porte-parole de la Commerzbank a confirmé la décision de rompre la plupart de ses liens avec l’Iran et a déclaré que la banque avait informé les États-Unis de cette initiative.
La Deutsche Bank a commencé à prévenir un grand nombre de ses clients iraniens quelle avait pris la même décision peu après la venue à la mi-juillet en Allemagne de Stuart Levey, sous-secrétaire américain au Trésor, chargé des affaires de terrorisme et de renseignement financier.
Le porte-parole de la Deutsche Bank a déclaré que son établissement cessait ses relations avec ses clients en Iran dans le cadre dune nouvelle politique commerciale. La banque a adressé le 20 juillet à ses clients iraniens un courrier les informant de la fin de leurs relations dès le 14 septembre, selon le porte-parole.
« Les efforts croissants requis pour assurer une adhésion totale aux directives de l’Union européenne et des Nations unies sont si importants que cela ne vaut plus la peine de poursuivre ces relations », a affirmé le représentant de la banque.
Cette décision est susceptible d’inciter l’Iran à chercher des financements dans d’autres pays désirant encore traiter avec lui. Tandis que la Russie et le Venezuela ne possèdent pas de banques majeures confortablement installées dans les réseaux financiers internationaux, ils détiennent cependant une quantité importante de devises américaines provenant de leurs revenus du pétrole et pourraient probablement trouver dautres voies pour faire affaires avec lIran. Le Venezuela et lIran collaborent à la création dun nouvel organisme multinational prêteur baptisé Bank of the South. LIran achète des équipements nucléaires à la Russie pour son réacteur civil situé à Bushehr, ainsi que des matériaux pour armes à la Russie et à la Chine.