AFP, Washington, 21 septembre – L’Iran, qui refuse d’arrêter ses activités nucléaires sensibles, et le Liban, de nouveau ébranlé par l’assassinat d’un député, devaient être vendredi au centre de la rencontre du chef de la diplomatie française Bernard Kouchner avec son homologue américaine Condoleezza Rice.
M. Kouchner et Mme Rice ont déjà eu l’occasion de s’entretenir à plusieurs reprises depuis l’arrivée au pouvoir en France de Nicolas Sarkozy, mais il s’agit de leur première rencontre bilatérale à Washington.
Ils devaient avoir « une discussion sur l’Iran et sur nos efforts communs au Conseil de sécurité et ailleurs pour freiner les ambitions nucléaires » de Téhéran, a déclaré le département d’Etat, qui a cité également le Liban, la situation au Proche-Orient, le Darfour et les pourparlers sur le Kosovo.
Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) devaient se réunir ce même vendredi au niveau des directeurs politiques dans la capitale américaine pour envisager un troisième train de sanctions contre Téhéran.
Washington et Paris doutent que les Russes et les Chinois soient prêts à prendre dans l’immédiat de nouvelles sanctions crédibles contre Téhéran dans le cadre d’une troisième résolution au sein du Conseil de sécurité et plaident pour des sanctions en dehors de l’ONU si nécessaire.
« Je ne suis pas sûr qu’il accepte d’aller au-delà », a déclaré jeudi M. Kouchner en référence à son homologue russe Sergueï Lavrov.
Le président George W. Bush, confronté aux craintes qu’il ne déclenche une nouvelle guerre, a affirmé jeudi sa volonté de résoudre la crise nucléaire iranienne par des moyens diplomatiques.
De son côté, le président Sarkozy a assuré que la France ne « voulait pas la guerre » avec l’Iran, tout en accusant directement Téhéran d’essayer de se doter de l’arme atomique.
M. Kouchner et Mme Rice devaient également aborder le dossier libanais.
Le Liban a insisté jeudi pour tenir comme prévu l’élection présidentielle dans cinq jours, malgré un climat de profondes divisions et d’incertitude exacerbé par l’assassinat d’un nouveau député de la majorité antisyrienne, Antoine Ghanem, 64 ans.
Après l’attentat, les soupçons de la communauté internationale et d’une grande partie de la classe politique libanaise se sont tournés vers la Syrie, ancienne puissance de tutelle.
M. Kouchner, qui avait accueilli en juillet M. Ghanem à La Celle Saint Cloud, près de Paris, dans le cadre d’une conférence interlibanaise, s’est entretenu jeudi avec le Premier ministre libanais Fouad Siniora pour lui marquer son soutien.
Le chef de la diplomatie française vient d’effectuer une visite au Proche-Orient qui l’a notamment mené à Beyrouth. La France tente de favoriser un dialogue politique entre les parties libanaises.
M. Kouchner et Mme Rice devaient aussi faire le point sur l’impasse dans laquelle se trouvent les pourparlers sur le Kosovo et les discussions avec le groupe de contact (France, Royaume-Uni, Allemagne, Russie, Italie, Etats-Unis).
Les Américains et les Européens sont pessimistes sur les chances d’aboutir à un accord, tant la question de l’indépendance, inacceptable pour les Serbes et non négociable pour les Kosovars, semble insoluble.
Washington et Paris envisagent à terme une reconnaissance concertée entre Américains et Européens de l’indépendance du Kosovo sans résolution de l’ONU.