LHumanité, Paris, 21 janvier – Les États-unis prônent lintervention militaire, lEurope défend loption diplomatique.
Il ny a « pas dalternative » aux négociations diplomatiques pour empêcher une « militarisation nucléaire » de lIran, a déclaré mercredi Bela Anda, porte-parole du gouvernement allemand. Il répondait ainsi aux États-Unis, qui ont cette semaine durci le ton à légard de la république islamique, accusée de vouloir développer un armement nucléaire. Lors de son audition devant la commission des Affaires étrangères du Sénat, Condoleezza Rice, secrétaire dÉtat américaine, a de nouveau cité lIran parmi « les postes avancés de la tyrannie ». Elle a également évoqué la possibilité de saisir, « dans un premier temps », le conseil de sécurité de lONU sur la question du nucléaire iranien.
Une menace qui nest pas nouvelle. Depuis des mois, les États-Unis font pression sur lAgence internationale de lénergie atomique (AIEA), pour obtenir que cette dernière demande à lONU dappliquer des sanctions contre lIran. Pourtant, en évoquant de manière indirecte dautres options que la saisine de lONU, Condoleezza Rice a fait tourner court aux supputations sur la possibilité dune intervention armée. Un sous-entendu également brandi par George Bush, qui a déclaré lundi : « Jespère que nous pourrons résoudre ce problème dune manière diplomatique, mais je nécarterai jamais aucune option. » Ces déclarations de responsables américains sont également renforcées par les informations fournies par le New Yorker. Dans sa dernière livraison, ce journal a affirmé que, depuis lété 2004, des commandos américains sont infiltrés en Iran pour y repérer de potentielles cibles chimiques ou nucléaires. Il cite un ancien responsable du renseignement américain qui aurait affirmé : « Bientôt, nous assisterons à la campagne dIran. »
LEurope a, elle, opté pour une solution négociée. Après trois années de discussion, la troïka européenne, composée du Royaume-Uni, de lAllemagne et de la France, a obtenu en novembre dernier que Téhéran sengage à cesser toutes ses activités denrichissement duranium. En échange, lEurope a promis daider lIran à intégrer lOrganisation mondiale du commerce et sest engagée à lui transférer la technologie nucléaire civile. Tout en reconnaissant que ces pourparlers avec lIran demandaient « un travail considérable », Jack Straw, ministre britannique des Affaires étrangères, a estimé mercredi que cette méthode « marche ».
« Cette négociation se fait [… »> en parfaite concertation avec les États-Unis », a de son côté rappelé la porte-parole adjointe du ministère français des Affaires étrangères. Embourbé en Irak, où ils ont déployé lessentiel de leur capacité militaire, il semble difficile pour les Américains denvisager une intervention militaire en Iran. Dautant quils ne peuvent faire abstraction de linfluence que lIran peut exercer sur lévolution politique de son voisin irakien. Dans ces conditions, le durcissement de ton américain semble surtout destiné à faire pression sur lIran. Lidée semble être que la menace dune attaque conduira Téhéran à adopter une attitude plus conciliante dans ses négociations avec lEurope.
Camille Bauer
Nucléaire : polémique américano-européenne
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