Reuters, Vienne, 22 novembre Par Mark Heinrich Mohamed ElBaradeï va demander ce jeudi au conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique de soutenir ses efforts pour amener Téhéran à davantage de transparence sur son programme nucléaire.
La partie est loin d’être gagnée pour le directeur général de l’AIEA, en raison des fortes divergences qui risquent d’apparaître entre les 35 pays membres sur l’interprétation d’un rapport publié la semaine dernière par l’agence.
Dans ce document, ElBaradeï a estimé que l’Iran avait pris des mesures importantes, quoique encore insuffisantes, pour dissiper les doutes sur son programme nucléaire.
Les puissances occidentales retiendront les aspects négatifs et le refus de l’Iran de cesser ses activités d’enrichissement de l’uranium. Les pays en développement souligneront au contraire les gestes d’ouverture de Téhéran.
L’Occident accuse l’Iran de développer secrètement un armement nucléaire. Téhéran se défend en déclarant qu’il ne cherche qu’à produire de l’électricité.
ElBaradeï « dira probablement que quelles que soient les imperfections, le plan se déroule conformément aux prévisions et que le calendrier pour résoudre les questions en suspens d’ici environ la fin de l’année reste réaliste », a déclaré un responsable des Nations unies.
Le directeur général de l’AIEA a noté que l’Iran avait fourni en deux mois davantage d’informations sur son programme que dans les deux années précédentes. Téhéran a notamment expliqué comment il avait obtenu tous les éléments nécessaires à la construction de centrifugeuses sur un marché clandestin dirigé par le père de la bombe A pakistanaise.
« Je pense qu’ElBaradeï veut faire comprendre à l’Occident que l’Iran a montré une véritable volonté de coopérer et que nous enregistrons d’importants progrès, alors continuons », a ajouté le responsable onusien.
SCEPTICISME OCCIDENTAL
ElBaradeï pourrait aussi engager l’Iran à coopérer davantage encore sur les questions plus délicates, en expliquant notamment pourquoi les inspecteurs de l’agence ont trouvé des traces d’uranium hautement enrichi sur des sites de recherche.
Le rapport de l’AIEA souligne que l’Iran interdit toujours les visites des inspecteurs destinées à vérifier la nature et l’étendue de ses activités d’enrichissement, qui sont développées à une échelle industrielle.
Les Etats-Unis et ses alliés français, britannique et allemand devraient saluer les avancées de l’AIEA sur le passé nucléaire de l’Iran mais déplorer que Téhéran ne réponde pas à l' »épreuve de vérité » consistant à dévoiler pleinement toutes ses activités et à les suspendre.
Le plan de transparence conclu entre l’AIEA et l’Iran n’aborde pas ces sujets, jugés indispensables par les puissances occidentales pour lever tous les soupçons.
Sans ces mesures, Washington, Paris et Londres estiment qu’il n’y a guère d’autre choix qu’un nouveau train de sanctions voté par le Conseil de sécurité.
La Russie et la Chine, qui sont opposées à de nouvelles sanctions en les jugeant contre-productives, devraient voir le rapport de l’AIEA sous un aspect plus positif. Les deux pays ont toutefois appelé l’Iran à suspendre ses activités d’enrichissement.