AFP, Vienne, 5 mars – L’Union européenne et les Etats-Unis ont appelé l’Iran à pleinement collaborer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur son programme nucléaire controversé après de nouvelles sanctions de l’ONU, alors que les pays non-alignés ont soutenu Téhéran, mercredi au dernier jour de la réunion de l’agence à Vienne.
« L’UE reste gravement préoccupée par le fait que malgré quatre années d’intenses efforts de l’AIEA celle-ci ne soit toujours pas en mesure d’établir la nature du programme nucléaire iranien », a déclaré le délégué slovène représentant l’UE, Ernest Petric, devant les représentants des 35 pays membres du Conseil des gouverneurs de l’AIEA.
L’UE « appelle l’Iran à fournir des réponses complètes, claires et crédibles à l’AIEA sur toutes les questions » concernant ses activités nucléaires, a-t-il ajouté.
Il a rappelé que l’UE restait prête à accroître sa coopération technique, y compris dans le domaine nucléaire, comme l’offre en avait été faite en 2006.
« Nous souhaitons voir l’Iran choisir la voie de la coopération », a renchéri l’ambassadeur britannique Simon Smith au nom la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, en soulignant que les réponses de Téhéran « n’étaient pas satisfaisantes » jusqu’à présent.
« Nous sommes prêts à discuter avec l’UE et avec Javier Solana (le haut représentant de la diplomatie de l’UE) d’une façon générale, mais le dossier nucléaire est un dossier technique qui doit être abordé dans le seul cadre approprié, l’AIEA », a précisé l’ambassadeur iranien Ali Asghar Soltanieh devant la presse à Vienne. Il confirmait le souhait exprimé plus tôt par le président iranien Ahmadinejad.
L’ambassadeur américain auprès de l’agence, Gregory Schulte a, lui aussi, appelé les dirigeants iraniens « à révéler complètement leurs activités passées et présentes et à suspendre celles qui ne sont pas indispensables à un programme nucléaire civil tout en étant nécessaires pour fabriquer l’arme atomique ».
Les inquiétudes de l’UE et de Washington s’appuient sur la publication fin février par l’AIEA d’éléments selon lesquels l’Iran continue à développer ses activités d’enrichissement d’uranium et poursuit des recherches à caractère militaire, notamment sur des explosifs à haute intensité et des missiles.
L’ambassadeur d’Iran, Ali Asghar Soltanieh, a récusé ces accusations en réaffirmant que son pays « coopère totalement avec l’AIEA ». Il a qualifié à nouveau les éléments avancés par l’AIEA sur ses recherches militaires d' »allégations sans fondement » voire de faux.
Lundi au premier jour de la réunion de mars des gouverneurs, qui s’est achevée mercredi soir, les pays occidentaux avaient souhaité soumettre à l’exécutif de l’AIEA une résolution pour pousser l’Iran à fournir les explications demandées.
L’idée a cependant été abandonnée face à l’opposition de la Chine, de la Russie et des pays Non-alignés, alors que le Conseil de sécurité des Nations unies venait d’imposer une troisième série de sanctions économiques et commerciales à l’Iran qui a trois mois pour suspendre ses activités de production de combustible nucléaire.
Téhéran a toutefois formellement rejeté la résolution de l’Onu en réaffirmant son droit à mener de telles activités au regard du Traité de non-prolifération nucléaire.
Au nom des Non-alignés, l’ambassadrice cubaine auprès de l’AIEA, Norma Goicochea Estenoz, a soutenu l’Iran qui, selon elle, remplit toutes ses obligations légales vis-à-vis de l’agence.
Les Non-alignés défendent le droit de Téhéran à mener des activités nucléaires civiles, y compris l’enrichissement d’uranium. Les Occidentaux craignent que ce programme ne cache une finalité militaire.