AFP, Washington, 17 avril – Le Premier ministre britannique Gordon Brown a évoqué jeudi la possibilité de nouvelles sanctions européennes visant le secteur gazier iranien, malgré un jugement semblant relativiser l’urgence de stopper les activités nucléaires sensibles de la République islamique.
Gordon Brown et son allié américain George W. Bush ont affirmé leur volonté de maintenir la pression sur l’Iran le jour où le chef de l’agence atomique onusienne, Mohamed ElBaradei, indiquait que le programme d’enrichissement d’uranium de la République islamique, motif d’une vive inquiétude pour une grande partie de la communauté internationale, progressait lentement.
« L’Iran continue à défier la volonté de la communauté internationale. Et nous sommes d’accord pour dire qu’il faut renforcer le régime des sanctions et veiller à ce que ces sanctions soient effectivement appliquées », a dit le Premier ministre britannique lors d’une conférence de presse avec le président américain.
M. Brown a indiqué qu’il parlerait dans les jours à venir avec ses collègues européens pour étendre dans les prochaines semaines des sanctions déjà existantes aux investissements dans le secteur du gaz naturel liquéfié.
De telles sanctions viseraient un secteur important d’un pays qui possède parmi les plus vastes réserves gazières du monde et qui mène un vaste programme de liquéfaction du gaz. De grands groupes comme l’Anglo-Néerlandais Shell, le Français Total ou l’Espagnol Repsol ont envisagé de s’associer à différents projets.
L’Iran veut augmenter ses exportations de gaz, un potentiel nettement sous-exploité. Mais il a jusqu’alors été fortement tributaire de compagnies étrangères pour ses projets de développement, faute de financement et de savoir-faire nationaux suffisants.
Viser le secteur de la liquéfaction du gaz ajouterait à la pression économique exercée sur l’Iran.
Le conseil de sécurité de l’ONU a adopté trois résolutions sanctionnant l’Iran. L’Union européenne applique elle aussi des sanctions.
Mais l’Iran persiste à refuser de suspendre l’enrichissement.
Le Premier ministre britannique a quand même assuré que les sanctions commençaient à produire leur effet. Il a invoqué l’inflation que le régime iranien, selon lui, minimise.
M. Bush a lui aussi dit croire que la question nucléaire iranienne pouvait être résolue par de tels moyens diplomatiques, même s’il a toujours refusé d’exclure le recours à la force.
Interrogé sur les propos du chef de l’agence onusienne paraissant minimiser l’urgence iranienne, M. Bush a répondu que les Iraniens avaient « prouvé qu’on ne pouvait pas leur faire confiance ». Il a invoqué le programme que les Iraniens ont mené en secret jusqu’en 2003 pour se doter de la bombe atomique, avant de l’arrêter, selon le Renseignement américain.
« Dire: ‘d’accord, d’accord pour les laisser apprendre à enrichir’ et supposer que cette connaissance puisse ne pas être transférée vers un programme militaire, c’est naïf, selon moi », a dit M. Bush.
L’enrichissement peut produire le combustible de centrales civiles et la matière première de la bombe atomique. L’Iran assure que ses intentions sont purement civiles.
Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei, a dit jeudi que les Iraniens n’avançaient « pas très vite » dans la construction des centrifugeuses servant à enrichir.
Selon lui, l’Iran, qui avait installé près de 3.000 centrifugeuses fin août 2007, n’en fait tourner aujourd’hui qu’entre 3.300 et 3.400, et cette expansion concerne un modèle de centrifugeuses relativement ancien. Ils en sont encore à la recherche et au développement pour de nouvelles centrifugeuses plus efficaces, a-t-il dit.