Cette réunion d’été des 35 pays membres de l’exécutif de l’agence, qui se tiendra jusqu’au 6 juin au siège de l’AIEA à Vienne, intervient alors que l’Iran est soumis à une pression accrue pour s’expliquer sur des études suspectes en ce sens.
Dans un rapport plus offensif qu’à l’accoutumée, l’agence avait sommé lundi dernier Téhéran de cesser ses activités d’enrichissement d’uranium, comme l’exige le Conseil de sécurité de l’ONU, et surtout de s’expliquer sur des documents suggérant que l’Iran avait tenté par le passé de se doter de la bombe.
Ces appels ont été relayés par plusieurs pays, notamment les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, mais ont jusqu’à présent été ignorés par l’Iran, qui assure que son programme nucléaire est strictement pacifique.
Le nouveau président du Parlement iranien, Ali Larijani, a averti le 28 mai que l’Iran pourrait revoir sa coopération avec l’AIEA si l’agence maintenait sa pression et l’ancien président Akbar Hachemi Rafsandjani a estimé que les sollicitations de l’agence visaient à "piéger" Téhéran.
Dimanche, l’Iran a accusé l’AIEA d’avoir cédé à des pressions occidentales: "S’il n’y avait pas eu les pressions d’un ou deux pays, l’agence aurait pu faire un meilleur rapport", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Mohammad Ali Hosseini.
Depuis la révélation de ces "prétendues études" par l’AIEA en février, l’Iran a constamment qualifié celles-ci de "sans fondement" et de "fabriquées" et a assuré avoir fourni toutes les explications nécessaires.
Mais, le chef des inspections de l’AIEA, le Finlandais Olli Heinonen, a détaillé le 29 mai devant des diplomates à Vienne un document de 15 pages sur le modelage de l’uranium pour l’utiliser dans une tête nucléaire, ce qu’il a jugé "alarmant", selon un diplomate qui a désiré conserver l’anonymat.
Olli Heinonen a précisé à cette occasion que l’agence s’appuyait sur des informations fournies par dix pays, précise-t-on de même source.
En réponse, l’Iran a indiqué avoir reçu le document sur le modelage d’uranium "sans l’avoir demandé", avec des plans de centrifugeuses dites P1 utilisées pour enrichir l’uranium.
Malgré des inspections régulières, l’AIEA n’est toujours pas parvenue à établir formellement la nature du programme nucléaire iranien. L’agence a souligné que seules des explications "substantielles" de Téhéran sur ces études pourraient permettre de progresser.
Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, continuent de douter fortement de la nature pacifique du programme nucléaire de la République islamique: "Il y a de fortes raisons de croire que l’Iran a cherché secrètement, au moins jusqu’à récemment, à mettre au point une bombe" nucléaire, a rappelé le représentant américain auprès de l’AIEA, Gregory Schulte.
L’Iran refuse également de suspendre ses activités d’enrichissement d’uraniun malgré quatre séries de résolutions du Conseil de sécurité, dont trois assorties de sanctions.
Le groupe des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l’Allemagne ont toutefois indiqué quils présenteraient prochainement à Téhéran une offre "rafraîchie" de large coopération en échange d’une suspension de ces activités.
Le Département d’Etat américain a précisé que ce projet n’était pas remis en question après le rapport accusateur de l’AIEA lundi.