Par Natalie Nougayrède
Le Monde.fr, 29 novembre – L’affaire avait fait grand bruit à l’époque. En novembre 2007, les agences de renseignement américaines diffusent un résumé de leur rapport sur l’évaluation de la menace nucléaire iranienne. Ce texte affirme « avec un fort degré de confiance », qu’en 2003, l’Iran a « stoppé » le volet militaire de son programme nucléaire. Dans ses mémoires publiés en novembre 2010, George Bush raconte comment ce rapport l’avait contraint à abandonner l’idée d’étudier des frappes militaires contre l’Iran. « Mes mains étaient liées », commente-t-il.
C’est maintenant la réaction des officiels français que révèlent en partie les documents américains obtenus par WikiLeaks et consultés par Le Monde. Celle-ci est résumée par une formule, dans un télégramme daté du 23 janvier 2008 : du point de vue français, le rapport des renseignements américains était « le meilleur cadeau d’anniversaire que Ahmadinejad (le président iranien) pouvait imaginer ». Deux diplomates français experts des questions stratégiques ont qualifié le rapport de ‘désastre’ qui pourrait ‘considérablement mettre en péril' » les efforts contre le programme nucléaire iranien, note ce document. La France, poursuit le texte, « ne modifie pas son analyse ».
Selon Paris, qui maintient à ce jour cette estimation, l’Iran poursuit bel et bien le volet militaire du programme. Les diplomates français craignaient en 2007 que ce rapport américain minimisant les travaux iraniens ne devienne un obstacle à l’adoption de nouvelles sanctions contre Téhéran à l’ONU.