BRUXELLES, (AFP) – L’Union européenne s’est entendue vendredi sur un nouvel ensemble « très robuste » de sanctions contre l’Iran du fait de son programme nucléaire controversé, qui vise en particulier les transactions financières, le gaz, le transport et le commerce, selon des diplomates.
Ce nouveau train de sanctions, approuvé par les ambassadeurs des 27 Etats européens, doit être entériné lundi par les ministres des Affaires étrangères lors d’une réunion à Luxembourg.
L’UE « va notamment décider pour la première fois de frapper le secteur des télécoms », en particulier les entreprises de ce secteur soupçonnées de soutenir financièrement le régime, a précisé un diplomate. Celles-ci seront désignées ultérieurement.
Toutes les transactions financières entre les banques européennes et les banques iraniennes seront soumises à une interdiction de principe au-delà d’un certain seuil, « relativement bas », a-t-il ajouté.
Il sera toutefois possible de solliciter au-delà de ce seuil une autorisation au cas par cas, notamment pour payer des transactions commerciales légales comme les achats d’alimentation, d’équipement médical, ou à des fins humanitaires.
En outre, les assurances crédit à l’exportation de court terme seront interdites, comme l’étaient déjà celles de moyen et de long terme.
Par ailleurs, les importations de gaz iranien seront également interdites, une mesure qui touche un volume peu important mais vient s’ajouter à l’interdiction d’importation de pétrole iranien en vigueur depuis juillet.
L’exportation de matières pouvant servir aux programmes nucléaire et balistique iranien tels que le graphite ou l’aluminium sera également prohibée vers l’Iran.
D’autres mesures sont prévues, comme l’interdiction d’enregistrer des navires iraniens ou de fournir à l’Iran de nouveaux pétroliers pour transporter ses hydrocarbures, ainsi que le gel des avoirs d’une trentaine de nouvelles sociétés, essentiellement dans le domaine bancaire et le secteur pétrolier.
L’accord a été rendu possible à l’issue de longues négociations, notamment du fait des « défis juridiques » posés par les mesures, mais aussi des réticences de certaines capitales, comme Stockholm, a-t-on appris de sources diplomatiques.
L’UE a déjà adopté une série de sanctions bancaires et commerciales contre Téhéran. La plus sévère est l’embargo pétrolier mis en place par l’UE et les Etats-Unis, entré officiellement en vigueur en juillet.
Leur but est de pousser Téhéran à revenir à la table des négociations avec les 5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU –Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni– et Allemagne).
Ces derniers demandent à l’Iran de suspendre l’enrichissement d’uranium à 20%, jugé dangereusement proche de l’uranium enrichi à 90% utilisable pour l’arme atomique, d’envoyer son stock à l’étranger et de fermer un site souterrain d’enrichissement.
L’Iran affirme que cet uranium enrichi à 20% sert uniquement à fabriquer du combustible pour son réacteur de recherche de Téhéran et refuse tout abandon de ce qu’il considère comme un droit dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire dont il est signataire.
Après avoir longtemps nié l’effet de ces sanctions, les dirigeants iraniens commencent à l’admettre, dénonçant depuis l’été une « guerre économique » contre l’Iran.
De fait, le pays connaît depuis quelques mois une chute des exportations pétrolières, un effondrement de sa monnaie sur fond d’inflation galopante, de production industrielle en baisse, de chômage en hausse, et de mécontentement populaire.
Pour autant, Téhéran continue de réaffirmer haut et fort qu’il ne cèdera pas aux pressions et n’abandonnera jamais son ambitieux programme nucléaire, soupçonné malgré les démentis iraniens de dissimuler un volet militaire.