AFP : Par Christophe Schmidt – Six mois après le début des manifestations à Téhéran, Barack Obama continue à ne voir l’Iran qu’à travers la controverse nucléaire, affirment des observateurs à Washington, qui engagent le président américain à soutenir bien plus nettement l’opposition iranienne.
"Nous sommes à un moment d’une importance extrême dans l’histoire de l’Iran", dit à l’AFP Karim Sadjadpour, de la Fondation Carnegie: "Je redoute parfois qu’en y repensant dans quelques années, on réalise qu’il y avait une grande chance de soutenir le changement politique en Iran, mais que plutôt que de prendre cette perspective au sérieux, le gouvernement américain a concentré toute son attention sur la question nucléaire".
"Les Etats-Unis devraient parler plus fort de l’incapacité de l’Iran à respecter les règles internationales de justice, un mot que les dirigeants iraniens emploient souvent", poursuit ce spécialiste.
"Quant aux jeunes Iraniens, ils attendent du président Obama qu’il dise plus clairement qu’il n’est pas indifférent à leur cause et souhaite leur succès", remarque-t-il.
La situation a évolué au fil des mois, décrit pour l’AFP Fariborz Ghadar, du Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS):" Si l’administration avait appuyé l’opposition en juillet, cela aurait pu se retourner contre elle".
"Mais de plus en plus, dit-il, les manifestants réclament le soutien de l’Occident. Dans la rue, on scande en farsi +Obama, es-tu avec nous, oui ou non?+".
Lundi, tandis que la police de Téhéran répondait aux rassemblements par des gaz lacrymogènes et procédait à des arrestations, la diplomatie américaine a dénoncé "le harcèlement permanent, la détention arbitraire et la condamnation de personnes ayant participé aux manifestations pacifiques" en Iran. ( )
En négligeant les droits de l’homme, assurent-ils encore, Washington nourrit les préjugés de l’opposition iranienne sur les objectifs de la diplomatie américaine, c’est-à-dire "la crainte que les Etats-Unis ne recherchent qu’un accord nucléaire, et soient prêts à sacrifier au passage les aspirations du peuple iranien".