Valeures Actuelles: Tenue par les États-Unis pour un groupe terroriste, lOrganisation des moudjahidine du peuple iranien (OMPI) est en pointe dans la contestation. Membre de ce parti et porte-parole du Conseil national de la résistance iranienne (en exil), Afchine Alavi explique la vraie nature de cette révolution verte et le rôle exact de son mouvement.
En quoi cette contestation est-elle différente des précédentes ?
Cette révolte est doublée dune fracture profonde au sommet du régime, ce qui amplifie sa portée, exemplaire dans la durée déjà huit mois malgré lampleur de la répression. La révolte initiale contre les fraudes électorales sest transformée en un rejet total du système. Nous assistons à lagonie dun régime qui a épuisé ses ressources, et qui se retrouve dans une impasse fatale.
Les principales faiblesses de cette révolution verte ?
Les candidats malheureux aux élections sont eux-mêmes issus de cette organisation et nont pas renié sa Constitution. Ils ne peuvent être les dirigeants dune révolution contre un régime qui les a nourris.
Et ses points forts ?
Lindépendance de ce mouvement à légard des factions du régime. Il englobe la classe moyenne citadine, moteur des bouleversements majeurs en Iran. Il est de plus en plus organisé et bénéficie de lOrganisation des moudjahidine du peuple iranien. La solidarité sest installée comme pendant la révolution contre le chah. Les représailles nimpressionnent plus.
Les atouts de la République islamique ?
Son appareil de répression et la passivité complice dun Occident qui na pas saisi lampleur du changement en marche. Maintenir des relations et négocier sur le nucléaire alors que lon tire sur la foule et que lon pend des manifestants est impardonnable.
Comment réagit le régime ?
La dictature religieuse a perdu lessentiel : sa caution religieuse. Pas seulement dans la rue, qui souhaite sa chute, mais aussi auprès du clergé, où plus aucun membre éminent ne la soutient. Le guide est contesté jusque dans son sérail, incapable de se réconcilier avec ses rivaux. La voie de la réforme est bouchée, celle de la révolution est inéluctable. Les défections au sein des forces de répression en sont des signes avant-coureurs.
Comment êtes-vous organisés ?
Le Conseil national de la Résistance offre une alternative, avec son parlement en exil et sa présidente élue pour la période de transition, Maryam Rajavi. Les revendications de la rue sont celles pour lesquelles nous luttons depuis si longtemps : le renversement de la dictature religieuse et linstauration dune république pluraliste, démocratique et laïque.
Propos recueillis par Frédéric Pons