Par Manouchehr Hezarkhani: Alors que, malgré l’opposition du gouvernement syrien, l’ambassadeur américain à Damas s’est rendu dans une manifestation populaire afin, selon ses propres termes, d’être personnellement témoin des manifestations pacifiques de la population et de la manière dont les forces gouvernementales les traitent, de son côté l’ambassadeur américain à Bagdad, après une longue période de mutisme et de savants déhanchements diplomatiques, traduisant confusion et indécision, a fini par briser son silence – sans doute sur ordre du Département d’Etat.
Afin de « résoudre le problème d’Achraf », il a volé au secours du dictateur du nouvel Irak et de ses maîtres en turban de Téhéran, pour recommander aux membres des Moudjahidine d’Achraf de dissoudre leur organisation et de demander l’asile à l’ONU, tout en se dépêchant de quitter leur lieu de résidence pour un point « un peu plus éloigné de la frontière avec l’Iran » !
Eh bien, on peut parier les yeux fermés qu’à l’annonce de cette solution salvatrice, l’ensemble des résidents d’Achraf ont tout laissé en plan pour aller frapper de porte en porte, afin de trouver un bureau ouvert pour y dissoudre leur organisation. Malheureusement, l’honorable ambassadeur a omis de conseiller aux cerbères de Maliki de les laisser sortir d’Achraf pour le faire !
Vous aussi, lorsque vous avez appris cette nouvelle, vous vous êtes sans doute – ou même très probablement – souvenu de cette fameuse citation de Brecht : «Puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple! ».
Comme vous, j’ai pensé à lui, mais d’un coup mon esprit m’a ramené en pleine guerre du Vietnam et aux solutions proposées pour y mettre fin par le biais de négociations avec les Viêt-Cong. Or des rumeurs disaient que l’armée américaine étaient convaincue que le dialogue devait être seulement mené avec les bons Viêt-Cong, et que les bons Viêt-Cong étaient des Viêt-Cong morts !
Et aujourd’hui, on remet ça. Bien sûr, à l’époque c’était la guerre froide et nous étions dans la chaleur d’un conflit, et aujourd’hui nous sommes supposés être en temps de paix. C’est pourquoi les Américains ont opéré une mise à jour de leurs vieilles opinions : désormais, ils demandent aux Moudjahidine de dissoudre leur organisation pour pouvoir sauver leur peau de réfugié.
« C’est la Voix de l’Amérique ! ».
Heureusement, contrairement à l’époque du maccarthysme, les États-Unis, même au plus haut niveau du gouvernement, ne sont plus restreint à une seule voix. De nombreuses voix aux Etats-Unis se sont élevées et continuent de le faire pour témoigner que notre mouvement de résistance est juste et légitime.
Cependant, faire parler une administration qui s’est jusqu’à présent abstenue d’exprimer ses demandes en raison d’une excessive « retenue », illumine très clairement la route à suivre : il faut faire en sorte que la « solution » américaine lui claque entre les doigts.
Alors nous pourrons annoncer : C’est la réponse du peuple indissoluble d’Iran à la Voix de l’Amérique
* Manouchehr Hezarkhani, essayiste, a traduit l’oeuvre d’Aimé Césaire et de nombreux dramaturges étrangers en persan. Il est également Président de la commission des Affaires culturelles du CNRI