Iran Focus : Téhéran – Ce n’est plus un secret aujourd’hui que d’énormes sommes d’argent disparaissent du budget de l’Etat iranien chaque année, utilisées pour une grande partie à remplir les poches des hauts responsables et des institutions puissantes qui soutiennent le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. Toutefois des sommes considérables ont été également allouées au budget du bureau personnel d’Ahmadinejad.
Bien que ces financements généreux et les questions autour de l’ « argent disparu » aient été ouvertement reconnus par les intéressés, Ahmadinejad déclare sans réserve que son gouvernement est « juste » et «honnête ». Si cela est vrai, on peut bien se demander à quoi ressemblerait un gouvernement « corrompu ».
Des fonds alloué aux entités et individus différents dans le budget officiel, sont les suivants :
1. 6.43 trillions de rials ($646 millions) à la présidence de la république ;
2. 480 milliards de rials ($48.2 millions) au secrétariat de la présidence de la république dirigé par Rahim-Mashaii dont la fille s’est mariée au fils d’Ahmadinejad.
3. 12 milliards de rials ($ 1.2 million) à l’Institut « Avenir ensoleillé » qui promeut les idées dites « Mahdaviat » [une branche du messianisme chiite] également dirigé par Mashaii.
4. 670 milliards de rials ($67.3 millions) alloués aux « dépenses vitales » du président de la république. Cette somme est indépendante du budget des déplacements d’Ahmadinejad dans les provinces différentes.
5. Un montant total de 290 milliards de rials ($29.1 millions) du budget est mis de côté pour payer les salaires du personnel de la Direction de planification.
6. 400 milliards de rials ($40.2 million) alloués à l’Organisation nationale de la jeunesse. Composée essentiellement des islamistes radicaux notamment des membres des miliciens « Bassidjis », l’ONJ est dirigée par un certain Hadji Ali-Akbari, ancien imam de la prière du vendredi de Damavand, au nord de Téhéran, qui soutient Ahmadinejad. Ses membres, implantés dans pratiquement tous les ministères, sont réputé d’être des informateurs utilisés pour espionner les fonctionnaires contre toute velléité de contestation.
7. 60 milliards de rials ($6 millions) vont à l’Académie des Arts, présidée, jusqu’à l’année dernière, par l’ancien premier ministre Mir-Hossein Moussavi. Mais, après les élections présidentielles de juin et les accusations de fraude portée par ce dernier contre Ahmadinejad, celui-ci l’a limogé et remplacé par Ali Mo’alem-Fard.
8. 200 milliards de rials ($20.1 millions) sont alloués au Conseil suprême des expatriés iraniens, actif, entre autres, dans l’organisation des Iraniens vivant à l’étranger pour faire du lobbying en faveur du régime.
9. 26 milliards de rials ($2.6 millions) alloués à l’agence de presse ‘d’étudiants’, Iranian Students News Agency (ISNA), initialement créée pour être indépendante, mais elle sera récupérée par le gouvernement après le remplacement de ses responsables.
10. 60 milliards de rials ($6 millions) vont au secrétariat du Conseil supérieur de l’information. Cette somme est indépendante de celles allouées aux agences de presses et la radio officielles de l’Etat.
11. 60 milliards de rials ($6 millions) au secrétariat du Conseil suprême de la sécurité nationale, actuellement présidé par Saeed Djalili.
12. 30.4 milliards de rials ($341,000) à la Fondation culturelle Molana, dirigée par Abdolhamid Molana, un conseiller irano-américain d’Ahmadinejad.
13. 100 milliards de rials ($10 millions) alloués à l’ayatollah Mohammad-Taghi Mesbah-Yazdi (sous son vrai nom, Mohammad-Taqi Giveh-Tchi) qui est à la tête de l’Institut d’enseignement et de recherches d’Imam Khomeini. Le paiement des salaires des enseignants et le financement de ses publications sont assurés par d’autres instituts. Le Centre de formation de Qom, contrôlé par le Bureau du Guide suprême, finance également les séjours de certains étudiants de cet institut aux Etats-Unis, au Canada et ailleurs pour des études universitaires de niveau maîtrise et plus.
14. 5 milliards de rials ($500,000) au Centre de documentation de la révolution islamique dirigé par Rouhollah Hosseinian. Les dépenses du centre dépassent largement les chiffres figurant dans le budget. Dans certain cas, le centre paie jusqu’à 100 millions de rials ($10,000) d’honoraires aux auteurs de ses publications.
15. 100 milliards de rials ($10 millions) alloués à Mohammad Yazdi, ancien chef du pouvoir judiciaire et membre du Conseil des gardiens de la constitution.
16. 150 milliards de rials ($15.1 millions) sont alloués aux associations ou centres culturel religieux, sans que les noms des destinataires soient précisés dans le budget. Il est donc probable que les officiels pourraient ainsi choisir des destinataires à leur guise.