AFP: Les pays de l’UE sont prêts à agir contre l’Iran pour "mettre fin" à l’avenir au brouillage quasi-systématique des programmes étrangers de radio ou de télévision diffusés vers ce pays, indique un texte adopté vendredi par leurs ambassadeurs à Bruxelles.
"L’Union européenne appelle les autorités iraniennes à arrêter de brouiller la diffusion satellitaire et de censurer internet, et à mettre un terme immédiatement à cette interférence électronique", souligne le document adopté en vue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne, lundi à Bruxelles.
"L’Union européenne est déterminée à suivre cette question et à agir en vue de mettre fin à cette situation inacceptable", prévient le document.
Cette initiative fait suite à une proposition de la France, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne.
L’UE exprime sa "grande préoccupation" face aux mesures prises par l’Iran pour "empêcher ses citoyens de communiquer librement et de recevoir des informations par la télévision, la radio par satellite et internet", ajoute le texte, qui doit encore être formellement validé par les chefs de la diplomatie de l’UE lundi à Bruxelles.
"Des interférences délibérées via le brouillage de diffusion satellitaire ont affecté de nombreuses radios et chaînes de télévision, y compris européennes, transmis par Eutelsat", ajoute le document, qui déplore aussi le blocage de communications par téléphone portable en Iran.
La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a appelé vendredi les autorités iraniennes à arrêter "immédiatement" le brouillage de la télévision et de l’internet.
Elle "est prête à engager un dialogue pour parvenir à une solution négociée, mais il faut être deux pour dialoguer", a précisé un porte-parole. "La seule chose qui compte sont les résultats", a-t-il ajouté.
Les pays européens se plaignent que Téhéran n’ait rien fait malgré plusieurs protestations dans le passé. Une plainte d’Eutelsat a été déposée devant l’Union internationale des télécommunications (UIT), dont le comité du règlement doit se réunir le 22 et le 26 mars.
Le texte de l’UE ne fait toutefois pas directement référence à une interdiction de l’exportation vers l’Iran de matériels permettant de censurer la contestation, que souhaitaient Paris, Berlin et Londres.
Dans une lettre à Mme Ashton et à leurs homologues européens, ils avaient demandé que soit étudié "ce qui doit être fait pour limiter et même interdire le transfert de biens et de technologies" permettant le contrôle, la censure et la répression par l’Etat iranien à l’encontre de son peuple.
Les Italiens, par exemple, ne voulaient pas entendre parler de mesures précises, et "même certaines délégations partisanes d’un langage ferme à l’encontre de l’Iran comme les Suédois ont souligné qu’on ne savait pas encore quelles mesures étaient possibles au plan technique", a précisé ce diplomate.
Finalement le texte de compromis trouvé montre la "détermination" des Européens de suivre de près la question, "et donne l’idée qu’on va agir, mais sans préciser sous quelle forme", a-t-il souligné.
Le brouillage des télévisions étrangères a culminé à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution islamique, le 11 février, selon les pays européens.
L’initiative contre l’Iran intervient alors que les pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU peinent à se mettre d’accord sur un nouveau train de sanctions contre l’Iran en raison de son programme nucléaire.