Iran and its NeighboursIrakWashington, inquiet du jeu iranien, va "parler avec Téhéran...

Washington, inquiet du jeu iranien, va « parler avec Téhéran de son rôle en Irak »

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Le Monde, 18 mars – Interview avec Zalmay Khalilzad
Question – Accusé par le président George Bush d’armer certains insurgés et d’infiltrer le pouvoir à Bagdad, la République islamique d’Iran vient d’accepter de discuter avec vous de l’Irak. Une bonne nouvelle ?

Zalmay Khalizad – Nous avions offert de discuter avec les Iraniens à la demande de plusieurs dirigeants irakiens. Nous sommes prêts à parler avec tous les voisins de l’Irak, l’Iran inclus. Mais, soyons clairs, il ne s’agit pas de négocier l’avenir de l’Irak avec eux. Nous avons quelques soucis concernant la politique qu’ils mènent et le rôle qu’ils entendent jouer en ce qui concerne l’Irak. Nous allons en parler avec eux, nous sommes ouverts à une discussion sur toutes les questions à propos de ce pays. Ils ont les leurs, nous avons les nôtres, nous en parlerons. Vous savez, ce n’est pas la première fois que je fais cela avec les Iraniens, ce n’est pas nouveau pour moi.

Question – C’est vrai, vous avez discuté avec eux sur l’Afghanistan, pays dont vous êtes originaire et où vous êtes retourné comme ambassadeur des Etats-Unis jusqu’en 2005. Mais que pourriez-vous leur offrir en échange de l’arrêt de telle ou telle de leurs actions en Irak ?

Zalmay Khalizad – Ha, ha ! Je ne vais pas vous le dire ici. Nous aurons une bonne conversation, soyons-en sûr. Ils me connaissent, ils savent d’où je viens, je parle leur langue couramment.

Qestion – Trois ans après l’invasion de l’Irak par les troupes américaines, les tueries sont plus fréquentes que jamais et le pays semble au bord de la guerre civile. Quelles erreurs avez-vous commises?

Zalmay Khalizad – Je ne crois pas que la guerre civile soit inévitable. J’admets que la sécurité est un problème. Nous avons sans doute commis des erreurs, nous ne sommes pas parfaits. J’admets que, depuis trois ans, la polarisation confessionnelle, entre chiites et sunnites surtout, a augmenté. Nous sommes venus ici, nous avons renversé le régime de Saddam Hussein, nous sommes responsables de beaucoup de choses, je ne crains pas de le dire. Mais, si nous partions maintenant, si nous disions « OK, on rentre », nul doute que les perspectives d’une guerre intercommunautaire augmenteraient et risqueraient de déborder au-delà des frontières irakiennes. C’est le sort de la région et, au-delà, l’avenir du monde, qui se jouent ici. Pensez-vous que la sécurité des Etats-Unis ou celle de la France serait assurée si nous ne parvenions pas à remettre l’Irak dans la bonne direction ?

Question – Mais comment faire désormais ? N’est-il pas déjà trop tard, avec toutes ces tueries quotidiennes ?

Zalmay Khalizad – Je ne le pense pas. Je crois que, si les dirigeants irakiens parviennent à bâtir ce gouvernement d’unité nationale que nous espérons d’eux et dont ils acceptent désormais l’idée, si les peurs de la minorité sunnite sont prises en compte et les droits de la majorité chiite respectés, nous avons une bonne chance d’éviter le pire. Nous sommes engagés en Irak dans un double processus de construction d’un Etat et d’une nation. L’Etat baasiste a été détruit par nous avec toutes ses institutions. Et puis, bien que l’Irak soit un vieux pays, vous avez trois grandes communautés différentes dont il faut faire une nation. Je pense que la solution fédérale, incluse dans la nouvelle Constitution, est la meilleure. C’est difficile, ce sera long, mais il n’y a pas d’alternative.

Question – Comment faire pour inclure les arabes sunnites, qui rejettent cette Constitution et forment toujours l’essentiel de l’insurrection à laquelle vos troupes font face ?

Zalmay Khalizad – Il faut distinguer entre les terroristes djihadistes d’Abou Moussab Al-Zarkaoui (chef d’Al-Qaida en Irak), les baasistes qui veulent le retour de l’ancien régime et les groupes armés qui se présentent comme la « résistance nationale ». Avec les deux premiers, il n’y a rien à négocier, nous les pourchassons. Avec les autres, nous avons commencé à discuter. Mais ils sont divers, divisés, et ce n’est pas simple. Nous leur offrons de déposer les armes et de rejoindre le processus politique.

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