AFP, Charm el-Cheikh, 3 mai – La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, a volé la vedette à l’Irak jeudi à la conférence de Charm el-Cheikh en rencontrant pour la première fois ses homologues syrien et iranien.
Alors que les délégués de plus de 50 pays et organisations se sont engagés jeudi à réduire la dette irakienne de près de 30 milliards de dollars, ce sont les rumeurs, annonces, démentis et petites phrases autour des rencontres de la chef de la diplomatie américaine avec l’Iranien Manouhcher Mottaki et le Syrien Walid Mouallem qui ont monopolisé l’attention.
Mme Rice a échangé quelques mots de politesse avec M. Mottaki pendant le déjeuner et elle a eu une rencontre bilatérale d’une demi-heure plus formelle avec M. Mouallem dans l’après-midi, pour appeler la Syrie à redoubler d’efforts pour limiter le flux des combattants étrangers.
La Maison Blanche minimisé ces entretiens qui n’étaient que des « conversations en aparté » et n’annonçaient pas une normalisation des relations.
Le bref trajet de M. Mottaki d’une salle de réunion à l’autre, en début d’après-midi, a frôlé l’échauffourée, lorsque le chef de la diplomatie iranienne a été poursuivi par une horde de cameramen et de reporters le pressant de questions sur ses contacts avec Mme Rice.
C’est le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, qui a révélé la brève conversation entre l’Iranien et l’Américaine.
« Il y a eu un échange de quelques mots, oui. Ce sont des gens civilisés, après tout », a déclaré M. Aboul Gheit. A la question de savoir si Mme Rice et M. Mottaki s’étaient assis l’un à côté de l’autre, il a répondu : « Non, mais la table était petite ».
Le porte-parole du département d’Etat américain, Sean McCormack, a confirmé le bref échange, tout en ajoutant qu’il n’était pas allé au-delà des formules de politesse d’usage. « Ils se sont dit bonjour », a-t-il expliqué.
C’est dans la plus grande discrétion que M. Aboul Gheit a conduit un peu plus tard M. Mouallem vers une salle de réunion où se trouvait déjà la chef de la diplomatie américaine.
Le dernier secrétaire d’Etat à avoir rencontré un ministre syrien des Affaires étrangères est Colin Powell, lors d’une visite à Damas en mai 2004. Depuis, les Etats-Unis ont rappelé leur ambassadeur à Damas après l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri en février 2005, qu’ils ont attribué au régime syrien.
Mme Rice avait jusque là refusé tout contact avec le régime du président Bachar al-Assad et le président George W. Bush avait critiqué personnellement la visite de la présidente démocrate de la Chambre des représentants américains, Nancy Pelosi, à Damas, estimant qu’elle envoyait des « messages contradictoires » qui minaient les efforts pour isoler le chef de l’Etat syrien.
L’entretien a été « professionnel, efficace et très concret » pour Mme Rice, « franc et constructif », selon son homologue syrien.
La secrétaire d’Etat a précisé à des journalistes avoir évoqué avec M. Mouallem le « problème des combattants étrangers qui sont à l’origine de la plupart des attentats suicide en Irak ».
« Les Syriens disent clairement qu’ils croient que la stabilité en Irak est dans leur intérêt. Les actes sont plus parlants que les mots (…) et nous allons voir comment ceci va se développer », a-t-elle dit.
« J’ai précisé que nous ne voulions pas avoir des relations difficiles avec la Syrie, mais il faut une certaine base pour améliorer les rapports », a déclaré Mme Rice.
Selon le porte-parole du département d’Etat, Sean McCormack, M. Mouallem a demandé à Mme Rice de normaliser les relations entre les deux pays. « Elle a répondu qu’elle était là pour se concentrer sur la question irakienne », a ajouté M. McCormack.