AFP, Bagdad, 22 septembre – Le président irakien Jalal Talabani a protesté samedi auprès des responsables américains en Irak contre la capture d’un Iranien, dans le nord du pays, et exigé sa libération « immédiate ».
Auparavant, l’ambassadeur iranien à Bagdad, Hassan Kazemi Qomi, avait accusé les Etats-Unis de « violer » la souveraineté du gouvernement irakien dans cette affaire, dans un entretien à l’AFP.
Le président Talabani s’en est pris aux troupes américaines qui ont effectué cette arrestation pour avoir agi sans en informer les autorités irakiennes et kurdes, et avoir « humilié » le gouvernement régional kurde.
Dans une lettre adressée au général David Petraeus, plus haut gradé américain en Irak et à l’ambassadeur des Etats-Unis Ryan Crocker, il fait également état de « son mécontentement ».
Jeudi, des soldats américains ont arrêté à Souleimaniyeh, à 330 km au nord de Bagdad, au Kurdistan irakien, un Iranien que le commandement américain accuse d’être impliqué dans la livraison d’armes à des groupes rebelles irakiens.
Téhéran a assuré que cet homme était responsable du développement des échanges commerciaux régionaux et qu’il faisait partie d’une délégation de la province de Kermanshah, dans l’ouest de l’Iran, frontalière du nord de l’Irak.
L’ambassadeur iranien avait souligné : « Ce genre d’actions viole la souveraineté de l’Irak ». « C’est un exemple des erreurs que commettent les Américains en Irak », avait-il ajouté.
« Des activités de la part des Américains sans coordination avec Bagdad affaiblissent le gouvernement », avait jugé le diplomate.
Dans sa lettre, M. Talabani exige la « libération immédiate » du ressortissant iranien, Mahmoudi Farhadi, « pour maintenir les bonnes relations entre la région du Kurdistan et l’Iran, et pour la prospérité de la région du Kurdistan ».
« Je vous informe de mon mécontentement après l’arrestation de ce visiteur civil sans que vous en informiez le gouvernement du Kurdistan et sans coordonner avec lui », poursuit le président Talabani.
« Vous avez humilié le gouvernement régional, et vous avez ignoré son autorité », ajoute-t-il dans sa lettre.
Le président irakien assure également que la « délégation iranienne était en visite commerciale officielle, avec l’assentiment du gouvernement de Bagdad et de celui du Kurdistan ».
Le gouvernement iranien a menacé de suspendre ses relations commerciales avec le Kurdistan si le prisonnier n’était pas libéré, et, souligne M. Talabani, « cela provoquera un lourd handicap pour le commerce régional ».
M. Kazemi Qomi, qui s’exprimait dans son ambassade fortifiée, dans le centre de Bagdad, avait assuré que « la plus sûre des frontières de l’Irak est la frontière avec l’Iran ».
« Les autorités irakiennes ne croient pas les accusations américaines », a-t-il ajouté, interrogé sur les mises en cause répétées des Etats-Unis sur une implication iranienne dans le soutien à des groupes armés en Irak.
« Combien d’Iraniens sont en prison en Irak sous l’accusation de terrorisme? », a-t-il demandé. « Et combien de ressortissants de pays présentés comme les amis des Etats-Unis sont en prison? »
Selon les chiffres américains et irakiens, la majorité des étrangers arrêtés pour terrorisme proviennent d’Arabie Saoudite, de Jordanie, d’Egypte, du Yémen, du Liban et de Syrie.
« L’Irak est un pays occupé et l’occupation a apporté le terrorisme », a estimé le diplomate. « Les Américains ont ouvert les frontières et ils ont donné la possibilité à des terroristes d’entrer en Irak et à des criminels de l’ancien régime de revenir », a-t-il ajouté.