AFP, Bagdad, 23 décembre – L’ambassadeur américain à Bagdad, Ryan Crocker, s’est montré très prudent dimanche sur le rôle éventuel de Téhéran dans la baisse des violences en Irak, estimant que l’Iran était toujours en « bonne position » pour déstabiliser son voisin.
« Si c’est vrai que les Iraniens suivent une pente descendante et usent de leur influence pour diminuer et non fomenter la violence, c’est une bonne chose. (Mais) Ils ont encore, de notre point de vue, du chemin à faire dans cette voie », a déclaré l’ambassadeur lors d’une table ronde avec des journalistes étrangers.
M. Crocker a cité « la diminution de la violence exercée par les milices extrémistes » chiites, notamment en raison du cessez-le-feu unilatéral de six mois décrété fin août par Moqtada Sadr, à la tête de l’Armée du Mahdi.
« Qu’est-ce qui se cache derrière cette diminution? Est-ce que cela veut dire que l’Iran s’est désormais engagé dans l’établissement d’un Irak sûr ou qu’il y a d’autres considérations en jeu que nous ne pouvons pas voir? », a poursuivi l’ambassadeur.
« Certains de nos amis ici pensent qu’il y a eu une réévaluation stratégique de la part de l’Iran (…) mais je n’en suis pas si sûr », a déclaré M. Crocker en se disant « très prudent à l’égard de toute prédiction ou analyse sur l’action des Iraniens ».
« Nous l’avons vu par le passé, si les Iraniens veulent un Irak instable, ils sont en bonne position pour créer de l’instabilité et en créer en grande quantité », a-t-il dit, estimant cependant que Téhéran n’avait « pas assez d’influence négative pour empêcher l’émergence d’un Etat irakien stable ».
Le quotidien Washington Post a affirmé dimanche, citant des responsables américains anonymes, que l’Iran avait opéré « un changement subtil de tactique » en Irak, alors que les violences provoquent le ressentiment chez les Irakiens, y compris chiites.
L’administration américaine accuse régulièrement le gouvernement iranien de semer le chaos en Irak en y envoyant des armes et en finançant des groupes extrémistes chiites irakiens, ce que les Iraniens démentent.