AFP : Le laïque Iyad Allawi, vainqueur des élections législatives en Irak, a accusé mardi l’Iran d’"interférer" dans le processus de formation du nouveau gouvernement irakien et de vouloir l’empêcher de devenir Premier ministre.
"L’Iran interfère énormément et c’est inquiétant", a déclaré l’ancien Premier ministre irakien à la BBC, accusant l’Iran d’avoir invité la plupart des grands partis irakiens à venir à Téhéran pour des discussions, sauf le sien.
Le Bloc irakien de M. Allawi est sorti en tête des législatives, en obtenant 91 sièges au Parlement, contre 89 pour l’Alliance pour l’Etat de droit (AED) du Premier ministre sortant Nouri al-Maliki. Mais il doit encore conclure des alliances pour former un gouvernement de coalition.
A la question de savoir si l’Iran cherchait à bloquer sa nomination au poste de Premier ministre, M. Allawi a répondu: "Je pense oui, ils ont montré très clairement (…) qu’ils ont une ligne rouge".
"Il semble dès à présent que (les Iraniens) veulent intervenir (…), ils n’aiment probablement pas notre attitude. Ce qui est inquiétant, c’est qu’ils ont invité tout le monde à Téhéran, sauf nous", a-t-il repris.
Le président irakien Jalal Talabani, qui dirige l’un des deux principaux partis kurdes, l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), et le vice-président Adel Abdel Mahdi, membre de l’Alliance nationale irakienne (ANI), ont visité Téhéran ce week-end à l’occasion du Nouvel an iranien (Nowrouz).
L’ANI est une coalition chiite composée entre autres du Conseil suprême islamique d’Irak (CSII) d’Ammar al-Hakim et du mouvement du chef radical chiite Moqtada al-Sadr.
La visite de MM. Talabani et Abdel Mahdi à Téhéran a été suivie par celle de représentants de l’AED de M. Maliki, du CSII et du mouvement sadriste.
Ex-membre du Baas avant de devenir un opposant résolu au régime de Saddam Hussein, M. Allawi, un chiite laïque, avait dirigé en 2004 le premier gouvernement irakien après l’invasion américaine.