AFP: Iyad Allawi, qui a échoué à devenir Premier ministre bien que sa liste fut arrivée en tête des législatives, est un politicien laïque détesté par l’Iran mais qui a le soutien des pays arabes et de la Turquie.
Rondouillard et au crâne légèrement dégarni, ce médecin chiite laïque de 65 ans, a débuté sa carrière politique au parti Baas de l’ex-président Saddam Hussein avant de devenir un opposant résolu au régime.
Il a dû se faire tordre le bras pour accepter de devenir le chef du Conseil national de la politique supérieure (CNPS), une nouvelle instance qui selon le dirigeant kurde Massoud Barzani, prendra « les décisions stratégiques importantes ».
Cette nouvelle instance est un contrepoids face aux prérogatives du Premier ministre sortant Nouri al-Maliki, assuré d’être reconduit dans ses fonctions et accusé par ses adversaires d’exercer un pouvoir personnel.
C’est un pis-aller pour M. Allawi qui pensait prendre sa revanche, puisqu’il fut en 2004 le premier chef de gouvernement irakien après l’invasion américaine avant de laisser sa place dix mois après du fait de sa défaite électorale.
Il a réussi le tour de force de former la seule liste ayant des députés issus des deux communautés musulmanes. S’il a fait le plein des voix chez les sunnites en mars dernier, 24 des 91 députés de sa liste sont chiites.
Mais il avait contre lui le veto de l’Iran, ce voisin dont le rôle en Irak est devenu prépondérant après la chute de Saddam Hussein en 2003 et à mesure que se retiraient les forces américaines. La Turquie et les pays arabes, dont l’Arabie saoudite, qui le préfèrent à M. Maliki, n’ont pas réussi à l’imposer.
Né le 30 mai 1945 dans une famille ayant donné plusieurs hauts responsables à la monarchie renversée en 1958, Iyad Allawi a appartenu au Baas de 1961 à 1971 et a été un compagnon de route de Saddam Hussein, avant de se brouiller avec lui et de quitter le pays pour le Liban, puis la Grande-Bretagne.
En 1979, il est laissé pour mort par des agents de Saddam Hussein qui s’étaient introduits à son domicile londonien.
En mars 1991, il fonde le Mouvement de l’entente nationale avec d’anciens baassistes, avec l’intention de renverser le président irakien.
Avec la bénédiction de Washington, il monte un complot qui échoue en 1996. Infiltré en Irak, son groupe est démantelé et plusieurs de ses membres exécutés.
Après les attentats du 11 septembre 2001, il milite pour une intervention internationale contre Saddam Hussein. En 2002, son mouvement transmet aux services secrets britanniques un rapport sur la capacité de l’Irak de déployer en 45 minutes des armes de destruction massive. Une information qui s’avèrera fausse.
Nommé Premier ministre en 2004, il est alors surnommé par certains « le petit Saddam » pour sa main de fer dans le traitement des problèmes de sécurité. D’autres dénoncent une corruption généralisée au gouvernement.
A la tête du Bloc irakien, une formation laïque, M. Allawi jouit aujourd’hui d’une grande popularité parmi les sunnites, après avoir pourtant été longtemps honni par cette communauté pour son offensive contre le bastion rebelle de Fallouja, à l’ouest de Bagdad, (2004).
Marié deux fois, M. Allawi a trois enfants, deux filles et un garçon.