IranCatastrophe environnementale en Iran: le lac Oroumieh se meurt

Catastrophe environnementale en Iran: le lac Oroumieh se meurt

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blog.lemonde.fr: Par Dominique Hollard – En Iran, la situation catastrophique de l’environnement n’en finit pas d’affliger la population. Par nature, une dictature n’a jamais de considération pour l’environnement. De graves pollutions atmosphériques à Téhéran et dans d’autres villes conduisent régulièrement à la fermeture des écoles et des établissements publics.

Par ailleurs, l’absence de fonds alloués à la protection de l’environnement, une attention insuffisante portée aux forêts et aux espaces verts, le pillage des ressources par les bandes affiliées au pouvoir, la baisse du niveau des cours d’eau et des lacs en l’absence de la moindre considération de conservation, aggravent chaque jour la crise l’environnementale.

 

Dans le nord de l’Iran, le grand parc naturel de Naharkhoran près de la ville de Gorgân se meurt. Il possède des arbres rares et précieux vieux de plusieurs centaines d’années, sa beauté et ses caractéristiques naturelles sont inégalées dans le monde. Mais en raison des menées dévastatrices du régime et l’absence d’une politique de protection des espaces naturels, cet immense site exceptionnel est en danger.

 

Crise de l’eau

Certains analystes suggèrent que l’eau devra bientôt être rationnée dans la capitale, une mégapole de 12 millions d’habitants. Un quotidien iranien révélait récemment que, sur les plus de 700 villes iraniennes, 517 sont « au bord de la crise de l’eau ». Ces dernières années, plusieurs grandes rivières se sont asséchées, tout comme le lac Hamoun, le troisième plus grand d’Iran, au sud-est du pays.

 

Avec les préoccupations économiques et de sécurité qui dominent le discours officiel, la sensibilisation à l’environnement peine à s’affirmer en Iran. La République islamique a terminé en 83e position sur les 178 pays classés récemment par le Environmental Performance Index, qui suit les différents indicateurs de l’environnement, de la santé publique et de la vitalité des écosystèmes.

 

Selon les experts, de futures pénuries d’eau devraient se faire sentir encore plus intensément dans le secteur agricole, qui représente environ 13 % de la production du pays et près d’un quart de ses emplois. Les écologistes avertissent par ailleurs que les sels toxiques provenant des rives desséchées du lac Oroumieh risquent de polluer durablement les terres agricoles des alentours.

 

Le lac Oroumieh se meurt

Le lac Oroumieh, au nord-ouest du pays, a jadis compté parmi les plus grands lacs salés du monde : 145 km de longueur sur 55 km de largeur. Aujourd’hui il n’est que l’ombre affligeante de lui-même. Les vastes espaces qui furent autrefois des havres de vacances se sont transformées en des étendues de boue asséchée par le soleil.

 

Au cours des deux dernières décennies, affirment les experts, une combinaison dangereuse de pratiques effrénées d’irrigation et de gaspillage de l’eau, la construction de barrages sur les affluents, la sécheresse prolongée et le réchauffement climatique ont accéléré le déclin de ce lac légendaire, cité dans les récits de diverses civilisations depuis des millénaires. Selon l’agence environnementale iranienne, le lac Oroumieh, situé sur une vaste plaine bordée de montagnes escarpées, ne contient plus que 5 % de l’eau qu’il contenait il y a tout juste vingt ans.

 

Cette étendue lacustre était naguère une destination populaire pour les vacanciers. Les touristes étaient émerveillés par la multitude des flamants roses, des pélicans et d’autres oiseaux migrateurs. Les nageurs se baignaient dans ses eaux salées et s’enveloppaient de sa légendaire boue noire, réputée pour ses vertus médicinales, en particulier pour guérir les articulations. Certains y voyaient la version iranienne de la Mer Morte. Le gouvernement ne montre aucun signe d’intérêt pour restaurer l’ancienne gloire du lac et beaucoup d’Iraniens semblent déjà résignés à sa disparition, d’autant que la défense de ce patrimoine est risquée : en 2011, la police a arrêté des dizaines de personnes qui s’étaient mobilisées pour sauver cet héritage naturel incomparable.

 

 Au final, le comportement du régime actuel face aux défis environnementaux créés par sa propre incurie se résume, comme dans l’ensemble des domaines économiques et sociaux, à une fuite en avant qui ne peut que conduire la société iranienne à une impasse désastreuse.

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