L’Est Républicain, Vesoul, 12 mai – Sébastien MICHAUX – Jean-Pierre Michel monte au créneau afin de soutenir la résistance iranienne. L’éclectisme et le nombre des participants l’ont agréablement surpris. Entre un ancien président de l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe, un ancien Premier ministre algérien, un député travailliste d’outre-Manche ou encore, en duplex depuis Strasbourg, un premier vice-président du parlement européen de droite, Jean-Pierre Michel (PS) fut, en fait, le seul parlementaire tricolore parmi les nombreuses personnalités présentes, mardi à Paris, à l’occasion d’une conférence dont la dénomination, « Deux ans après le 17 juin, justice pour le Conseil national de la résistance iranienne » (CNRI), en dit déjà long.
Le CNRI est la branche politique de l’Organisation des Moudjahidin du peuple d’Iran (OMPI). Son siège européen implanté en banlieue parisienne fut, le 17 juin 2003, la cible d’une des plus importantes opérations policière de ces trente dernières années. Depuis, le principal mouvement d’opposition au régime des mollahs iraniens reste dans le collimateur de la justice française, qui le soupçonne de terrorisme.
Accusation dénoncée par la Ligue des droits de l’homme, nombre de juristes et certains politiques. Le sénateur de Haute-Saône pourrait s’inscrire dans les deux dernières catégories. « En tant qu’ancien magistrat, cofondateur en 1962 du syndicat de la magistrature », Jean-Pierre Michel dénonce « une justice instrumentalisée ». Allusion à la concomitance entre la signature de contrats franco-iraniens et le début de la procédure intentée en France contre les membres du CNRI. D’autant plus que rien n’émerge véritablement du dossier instruit par Jean-Louis Bruguière.
Marchandage Paris-Téhéran
« En tant que parlementaire socialiste », cette fois, « attaché aux droits de l’homme et à la laïcité », le sénateur de Haute-Saône ne peut que s’insurger vis-à-vis du « régime totalitaire des mollahs ». Pour l’élu, « le CNRI demeure l’alternative, la seule voie possible afin de permettre à la démocratie de s’installer en Iran ». Tandis que s’y préparent les élections prévues… le 17 juin.
Alors, comme bien d’autres amis de l’opposition iranienne réfugiée en France, parmi lesquels on remarque Lucie et Raymond Aubrac, Françoise Hardy, France Gall, Julien Dray ou encore Jacques Séguéla Jean-Pierre Michel demande un non-lieu dans cette affaire. Une affaire dont le volet terrorisme marque le pas, conduisant ainsi les investigations policières à se concentrer sur l’aspect financier. Particulièrement sur les comptes de l’association caritative Iran Aide France, dont l’activité officielle est de venir en aide aux victimes du régime iranien, mais qui, aux yeux des enquêteurs, détournerait frauduleusement des fonds. Association fictive ? Voilà, en substance, le contenu d’une lettre adressée à des centaines de donateurs, les incitant à déposer plainte pour escroquerie.
Du côté des avocats soutenant le CNRI, on juge le procédé pour le moins douteux. Mais on se l’explique facilement en brandissant le marchandage entre Paris et Téhéran, dont serait victime l’opposition iranienne, classée sur la liste européenne des organisations terroristes.
A l’heure du référendum sur la Constitution, deux voies se profilent pour le sénateur de Haute-Saône : « La construction d’une véritable Europe des droits de l’homme ou celle des intérêts économiques ». Son vote est clair.