Les autorités iraniennes ont opté pour des arrestations généralisées et très médiatisées de « perturbateurs de la sécurité » afin de dissuader la population de manifester contre l’establishment ou de tout autre rassemblement qui pourrait déclencher une protestation contre le pouvoir.
Mohammad Reza Yazdi, le commandant de la division Mohammad Rassulallah du corps des Gardiens de la révolution (CGRI) à Téhéran, a déclaré lundi à la télévision d’État que le rôle de ses forces dans la répression du peuple avait considérablement augmenté depuis 2018, juste après une des bouleversements majeurs qui menaçaient de renverser l’ensemble du pouvoir en place.
« En coordination avec nos courageux frères des forces de sécurité de l’État et du bureau du procureur de Téhéran, nous avons déployé des unités Razaviyoun dans toutes les villes pour maintenir la sécurité… Ces efforts se poursuivront jusqu’à ce que nous puissions arrêter toute tentative de perturber la sécurité dans les villes », dit Yazdi.
Une insurrection a eu lieu en novembre 2019, de sorte que le commandant adjoint du CGRI, Ali Fadavi, a augmenté le déploiement des unités de patrouille de sécurité de Razavyoun, contrôlées par les forces de la milice Bassidj du CGRI, dans le but de réprimer les manifestations anti-régime à travers le pays.
Dimanche, Rahim Jahanbakhsh, commandant des forces de sécurité de l’Etat à Zanjan, a déclaré à l’agence de presse Tasnim affiliée au CGRI que 1 500 « perturbateurs de la sécurité » qui « répandaient des rumeurs et provoquaient des tensions dans la société » avaient été arrêtés depuis février. Ces arrestations n’ont bien évidemment rien à voir avec la pandémie de coronavirus et la critique des réactions désastreuses des autorités ; comme veut l’affirmer le pouvoir, mais un moyen de semer le climat de peur.
«Le cyberespace est une réalité de la société, et cet espace est devenu une réalité, ce qui nécessite l’expansion des efforts de sécurité dans ce domaine», a-t-il déclaré.
Le même jour, le commandant des forces de sécurité de l’État de Kermanshah, Ali Akbar Javidan, a rapporté avoir arrêté 5 550 personnes qualifiées de «voyous et voleurs» de mars à septembre pour avoir causé «des tensions et de la peur» dans la société.
Vendredi, le commandant des forces de sécurité de l’État de Kouhdasht, Nabiollah Ghassemi, a déclaré qu’il y avait eu 98 arrestations dans le cadre d’opérations policières pour « mauvais comportement» qui menaçaient «la paix et la sécurité publiques». Tandis que mardi dernier, le commandant des forces de sécurité de l’Etat de Semnan, Abdollah Hassani, a rapporté que 3 000 personnes avaient été arrêtées ; 80 pour cent d’entre eux avaient moins de 35 ans et citaient la cybercriminalité comme l’une des principales raisons.
Les ayatollahs ont intensifié les arrestations arbitraires afin de faire peur au pays pour qu’il se conforme. Cependant, la répression, une économie médiocre et l’échec de la réponse du gouvernement à la pandémie signifient que le ressentiment ne fait qu’augmenter. De nombreux responsables ont divulgué leurs inquiétudes face à une nouvelle série de manifestations, en utilisant le terme « nitrate de déception », faisant référence à la grande explosion de Beyrouth.