United Press International, Washington, 13 octobre 2005 par LEIGH BALDWIN Human Rights Watch a réaffirmé ses allégations dabus par un groupe de dissident iranien mercredi, même après un rapport élaboré par une délégation du Parlement européen dénonçant son rapport initial comme étant « dénué de toute vérité ».
Plus tôt cette année, ce gendarme international avait publié un rapport avançant une série de violations à la base Achraf, le siège des Moudjahidin-e-Khalq, à une centaine de kilomètre au nord de Bagdad. Le rapport qualifiait les MeK de secte extrémiste, dont les dirigeants ont exercé une influence en manipulant psychologiquement leurs adhérents, comme dans le cas des divorces de masse forcés dans les années 1980 pour assurer une loyauté totale à leur cause. Les membres qui ont voulu quitter lorganisation ont souffert de passage à tabac et disolement carcéral prolongé, conduisant à un nombre de morts, affirme le rapport.
Les MeK démentent ces allégations, affirmant quil sagit dune conspiration de lIran pour discréditer le groupe.
Un rapport dune délégation parlementaire, basé sur une visite à la base Achraf en septembre, soutient la position des Mek. Dans son rapport, la délégation dit que le groupe de surveillance est allé « bien au-delà du mandat dorganisation des droits de lhomme ». La délégation a écouté des contre témoignages des membres des MeK, soutenant ce point de vue et dénigrant Human Rights Watch.
« Nous avons trouvé que les allégations contenues dans le rapport de HRW sont infondées et dénuées de toute vérité. Nous en sommes aussi venus à la conclusion que le rapport de HTW comporte un défaut de procédure et quil est considérablement inexact. »
HRW a été critiqué par la délégation pour navoir pas visité la base Achraf et avoir basé son rapport sur les témoignages recueillis dans douze interviews téléphoniques.
Mais Joe Stork de HRW a âprement défendu ses conclusions, renvoyant ses propres accusations à la délégation de lUE.
« Ils sont bien placés pour parler de méthodologie », a-t-il dit à United Press International. « Les contre témoignages sont tous de personnes haut placées dans les MeK. La plupart des critiques dans le rapport de la délégation sont issues des sources des MeK. »
Interrogé sur la raison pour laquelle HRW ne sest pas rendu à la base Achraf, malgré les invitations des MeK, Stork a expliqué que les allégations de son organisation remontaient avant loccupation de lIrak par la coalition menée par les Américains. « Nous avons été invités à lépoque de Hussein. Aucune organisation des droits de lhomme ne pouvait de façon crédible accepter cette offre. »
HRW a cherché à obtenir la permission de visiter la base depuis la chute de Saddam, a-t-il dit. Mais « les forces américaines nont pas répondu positivement à nos dernières demandes. Avec le recul, je regrette de ne lavoir pas mis dans le rapport. » Les forces de la coalition en Irak ont été incapables de confirmer si ces demandes ont été faites, selon Stork.
Les MeK ont été désigné comme une organisation terroriste par ladministration Clinton en 1997. Mais le groupe a depuis gagné la faveur des Etats-Unis en fournissant des informations sur le programme nucléaire iranien. En 2004, les membres des MeK ont reçu ‘un statut de personnes protégées par les forces de la coalition en Irak.
Le statut apparemment contradictoire du groupe, à la fois source précieuse de renseignements et organisation terroriste reconnue, alimente une guerre de propagande féroce entre les MeK et le régime iranien, dans laquelle HRW, le parlement européen et le gouvernement des Etats-Unis sont devenus des acteurs.
Stork est la cible dune imposture élaborée du ministère iranien des renseignement et de la sécurité (VEVAK), affirme Raymond Tanter, qui enseigne à lUniversité de Georgetown et qui est membre fondateur du Comité de la politique iranienne, qui conseille le gouvernement américain, citant un Livre Blanc datant de juin publié par le CPI qui qualifie HRW comme « victime dune opération de renseignement à léchelle internationale ».
Selon le CPI, nombre des témoins interrogés par HRW étaient en fait des agents iraniens. Il y a avait notamment Hossein Sobhani, « que HRW cite comme une victime « crédible » qui en fait dirige un réseau de renseignement en Europe travaillant sous la supervision directe du numéro deux du VEVAK Mohammad-Reza Iravani. »
« Human Rights Watch a été dupée », affirme Tanter.
Des terroristes ou des amis indispensables? Lincertitude sur la véritable personnalité des MeK a provoqué un débat sur les relations de ladministration américaine avec le groupe. Dans un article daté du mois doctobre du magazine Foreign Policy, le journaliste freelance Erik Saas suggère que les renseignements des MeK pourraient ne pas être aussi indispensables que le clament leurs défenseurs :
« Le groupe a un passé de renseignement exagérés ou parfois simplement de choses inventées. Les autorités américaines ont appris à faire très attention avec les allégations des MeK », écrit Saas.
Néanmoins, il y a, selon Saas, une coopération croissante entre les MeK et les USA. (Bien quils restent sur la liste terroriste du Département dEtat). Saas va jusquà pretendre que les combattants des MeK ont été déployés au Pakistan et en Afghanistan, bien que ceci nait pas été confirmé.
Alireza Jafarzadeh, Président de Strategic Policy Consulting et ancien dirigeant des MeK, dit quil ne voit pas pourquoi la désignation de terroriste ne serait pas prochainement retirée. Les MeK ont été placés sur la liste terroriste en 1997 en geste de bonne volonté vis-à-vis du président de lépoque, Mohammed Khatami, a déclaré Jafarzadeh à UPI. « La désignation est venue des semaines après lélection de Khatami », a-t-il dit. Mais avec lélection cet été de lultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, un changement de politique était probable. « Avec le nouveau régime, la situation va changer. »
Tanter donne du crédit à la suggestion que la liste du terrorisme a plus à faire avec un problème politique quavec les droits de lhomme. « La désignation est un football diplomatique lancé pour gagner divers bénéfices diplomatique », a-t-il dit.
Interrogé pour savoir si, à la lumière des allégations de HRW, la coopération avec les MeK pourrait entamer limage des Etats-Unis, Tanter a déclaré: « La crédibilité américaine sera endommagée si ils ne se mettent pas du côté de la résistance iranienne en général. Les USA doivent soutenir les dissidents. Ça ne veut pas dire choisir une groupe. »
« Le changement de régime est la politique implicite de ladministration Bush, a-t-il dit. « La diplomatie a échoué et le nombre dinstallation nucléaires rend laction militaire infaisable. » Si Tanter a raison, lalliance avec des groupes dissidents, aussi peu recommandables soient-il, est une des rares options qui montent.