Iran Focus, Londres, 22 juin La participation du célèbre procureur général de Téhéran, Saeed Mortazavi, à la première session du Conseil des droits de lHomme des Nations Unies à Genève, a provoqué un scandale international.
Mercredi, le ministre des Affaires étrangères canadien, Peter MacKay, a déclaré : « La présence de M. Mortazavi dans la délégation iranienne prouve le mépris total du gouvernement dIran pour les principes des droits humains reconnus internationalement. Le gouvernement du Canada fait part de sa répugnance devant le fait que lIran choisisse dinclure une telle personne dans sa délégation auprès dun nouvel organe de lONU visant à promouvoir les plus hauts standards de respect des droits humains ».
MacKay a déclaré quen incluant Mortazavi dans sa délégation, Téhéran tentait de discréditer le conseil de lONU.
« Deux enquêtes officielles sur le gouvernement iranien ont déterminé que le procureur général Mortazavi avait ordonné larrestation illégale et la détention de la journaliste canadienne Zahra Kazemi, qui a été torturée puis qui est décédée. Il a ensuite falsifié des documents afin de dissimuler son rôle dans cette affaire. M. Mortazavi a également joué un rôle dans la répression sévère de la presse iranienne et dans les arrestations dun grand nombre de journalistes », a affirmé le ministre des Affaires étrangères canadien.
Dans une lettre à Luis Alfonso de Alba, président du Conseil des droits de lHomme de lONU, Mohammad Mohaddessin, président de la Commission des Affaires étrangères de lopposition (le Conseil national de la Résistance iranienne), sest dit scandalisé et consterné par la présence de Mortazavi.
« Selon tous les critères, Mortazavi est coupable de crime contre lhumanité. Son rôle direct dans la répression de toutes les voix dissidentes en Iran est bien connu. Sous le mandat présidentiel de Mohammad Khatami, Mortazavi, en sa qualité de juge des médias, a fait fermer 80 journaux proches des réformistes et était directement impliqué dans tous les crimes commis ces dernières années contre les Iraniens. En automne dernier, il a donné lordre pour le vaste plan Zafar à Téhéran dans lequel 2000 jeunes gens de différents quartiers ont été arrêtés puis emprisonnés. En janvier 2006, il était à lorigine des mesures de répression énergiques contre les travailleurs des transports de Téhéran qui se sont mis en grève en raison de leurs salaires impayés », a affirmé Mohaddessin.
« Je recommande au Conseil des droits de lHomme dexpulser ce criminel et de demander à la Justice suisse de lancer un mandat darrêt contre lui, afin quil puisse comparaître devant un tribunal international compétent pour crimes perpétrés contre lhumanité », a-t-il ajouté.
De même, la Mission pour létablissement des droits humains en Iran, basée aux Etats-Unis, a déclaré que le fait de tolérer la présence de Mortazavi à la session actuelle du conseil était une « moquerie envers les droits humains ».
« Il est responsable de nombreux cas de détention, de torture et dexécutions en Iran et doit être arrêté par la Justice suisse et être jugé pour crimes contre lhumanité en utilisant toutes les voies internationales à disposition, dont la Cour internationale de Justice, la Cour pénale internationale et les traités tels que la Convention contre la Torture », selon le groupe.
Jeudi, François Bugingo, président de lorganisation pour les libertés de la presse, Reporters sans Frontières (RSF), a déclaré : « La présence à Genève de Mortazavi, directement impliqué dans la mort de la photojournaliste irano canadienne Zahra Kazemi, est absolument inacceptable ».
Kazemi a été arrêtée le 23 juin 2003 alors quelle photographiait les familles des prisonniers devant la Prison dEvine, au nord de Téhéran. Torturée pendant sa détention, elle est morte des suites de ses blessures le 10 juillet 2003.
« En envoyant Said Mortazavi en tant que délégué des droits humains à Genève, le gouvernement iranien montre son vrai visage », a affirmé le fils de Kazemi, Stephan Hachemi.
« LIran continue dêtre la plus grande prison pour journaliste et blogueurs du Moyen Orient, 13 ayant été jetés en prison lannée dernière. Les menaces, les interrogatoires, les citations à comparaître, les arrestations et la détention arbitraire sont tous en forte augmentation. Les journalistes parviennent souvent à éviter la prison en payant une caution très élevée. La situation ne sest pas améliorée depuis que le radical Mahmoud Ahmadinejad est arrivé au poste de président », selon RSF.