Reuters, Washington, 22 juin De Carol Giacomo, correspondant diplomatique LInde pourrait mettre en péril une coopération nucléaire historique avec les Etats-Unis si elle décidait de se ranger du côté des Etats non alignés en soutenant les ambitions atomiques de lIran, a averti un éminent législateur mercredi.
Le député démocrate Tom Lantos de Californie a déclaré que lapprobation le mois prochain du marché controversé avec lInde par le Congrès des Etats-Unis était sur la bonne voie, mais quil pourrait être compromis si les dirigeants de New Delhi « nagissaient pas de façon responsable ».
Laccord, fournissant à lInde armée de la bombe nucléaire un accès au combustible et à des réacteurs nucléaires américains pour la première fois en 30 ans, a soulevé des objections de la part de critiques à Washington et à New Delhi qui avancent que leur camp obtient peu alors que lautre trop.
Après une période où les critiques avaient gagné du terrain, Lantos a déclaré que lui et le président de la Commission des Relations internationales de la Chambre des députés, Henry Hyde de lIllinois, avaient travaillé sur un projet de loi bipartite approuvant le marché et bénéficiant également du soutien de ladministration Bush.
Lantos est le représentant démocrate du comité.
Les leaders de la Commission des Relations étrangères du Sénat travaillent toujours sur leur version, mais ce comité doit aussi procéder à un vote la semaine prochaine.
Lantos a annoncé que la commission de la Chambre voterait sur son projet et sur celui de Hyde mardi prochain et la Chambre toute entière en juillet.
Mais il a affirmé que lInde avait mis en danger ses chances dobtenir un vote positif avec sa décision récente dapprouver une déclaration des 114 membres du Mouvement des Non-alignés composé principalement dEtats en voie de développement, déclaration « diamétralement opposée » à la position sur lIran adoptée par les Etats-Unis et les autres membres permanents du Conseil de Sécurité de lONU (la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne et la France), ainsi que lAllemagne.
Les grandes puissances ont proposé de négocier avec lIran un paquet davantages uniquement sil accepte de cesser ses activités liées à lenrichissement nucléaire pour le développement darmes. LIran, qui insiste sur le fait quil poursuit un programme dénergie nucléaire servant à répondre aux besoins civils de son pays, et non à fabriquer des armes, a fait quelques déclarations positives mais na encore donné aucune réponse définitive.
Le Mouvement des Non Alignés, avec laccord de lInde, a récemment ignoré les appels des Etats-Unis lui demandant dapprouver loffre du 6 juin des grandes puissances et a de plus souligné le droit de tous les Etats « sans aucune discrimination » à la recherche nucléaire et à la production dénergie.
« Il sagit dun événement très négatif et jespère sincèrement que nos amis indiens vont faire très attention sils veulent que cet (accord de coopération nucléaire) soit approuvé par le Congrès et se réalise », a déclaré Lantos à la presse.
Il est difficile de comprendre ce que les autres Etats du Mouvement ont en commun avec « le grand Etat démocratique dInde en 2006 », a-t-il dit.
Les Etats-Unis identifient lIran comme la principale menace à la non-prolifération et la position de lInde à ce sujet est considérée comme un test majeur du sérieux de New Delhi en tant que partenaire dans la lutte contre les armes de destruction massive.
Lantos a prédit que certains tenteraient de modifier sa loi et il a assuré quil sopposerait aux propositions considérées inacceptables pour New Delhi et qui « casseraient le marché ».
Mais il a également affirmé quil pourrait aussi y avoir des « casseurs de marché » du côté indien qui constitueraient « une approbation générale des déclarations du Mouvement des Non Alignés concernant lIran ».
En vertu de laccord, lInde (qui a été condamnée pour avoir développé des armes nucléaires en violation des lois internationales) a promis daccepter certaines règles de non-prolifération, dont louverture de ses sites nucléaires civils aux inspecteurs de lONU.
Aux Etats-Unis, le Congrès doit approuver le marché. Le Groupe des Fournisseurs nucléaires, composé de 45 nations, qui domine le commerce du nucléaire, doit également agir mais attend dabord laction du Congrès.