IranDroits de l'hommeProcès à Paris de deux manifestants iraniens

Procès à Paris de deux manifestants iraniens

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AFP Paris, 16 octobre – Deux ans de prison avec sursis ont été requis mardi à Paris contre deux Iraniens qui comparaissaient pour « provocation au suicide », après le décès d’une compatriote qui s’était immolée par le feu en juin 2003 à Paris, lors d’une manifestation.

Le jugement concernant Mahmood Aalami, 55 ans, et Hossein Amini Gholipour, 51 ans, qui comparaissaient libres devant le tribunal correctionnel de Paris, a été mis en délibéré au 21 novembre. Ils risquent trois ans de prison et 45.000 euros d’amende.

La question du libre-arbitre des prévenus, militants de l’Organisation des Moudjahidine du peuple (OMPI, opposants iraniens), a focalisé les débats.

Le procureur Pierre Kahn a estimé qu’il ne pouvait s’agir d' »une décision purement individuelle ». « Ca n’est pas non plus une décision imposée par une hiérarchie à laquelle on ne peut résister, mais certaines personnes ont accepté de subir un sacrifice pour donner un retentissement international à leur protestation », a-t-il ajouté.

La défense et la demi-douzaine de témoins qu’elle a citée, dont un ancien ministre socialiste, ont affirmé que la décision de s’immoler était « un acte personnel ».

Ce jour-là une soixantaine d’Iraniens vivant en Europe, militants ou sympathisants de l’OMPI, protestent devant le siège parisien de la DST (contre-espionnage) contre le placement en garde à vue de Maryam Radjavi, la présidente du Conseil national de la résistance iranienne, vitrine de l’OMPI.

La veille, le 17 juin, une vaste opération de police réalisée à la demande du juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière et qui a notamment visé le siège de l’OMPI à Auvers-sur-Oise a abouti à des dizaines d’interpellations. Elle est vécue par les opposants iraniens comme un signe d’allégeance de la France au gouvernement de Téhéran.

De fait, l’heure est à un rapprochement entre Paris et Téhéran, où se sont rendus peu auparavant en visite officielle plusieurs ministres, dont celui des Affaires étrangères, Dominique de Villepin.

« Il y a eu échange de bons procédés », affirme à la barre Yves Bonnet, ex-patron de la DST, appuyant implicitement la thèse des avocats selon laquelle un certain renouveau des relations bilatérales passait par une répression plus ferme en France contre les Moudjahidine.

Sans parler de « rafle » comme l’a fait l’OMPI pour qualifier les événements du 17 juin, Alain Vivien, ancien secrétaire d’Etat estime que les opposants « se sont trouvés totalement pris à revers (par cette opération), car jusque-là ils se croyaient protégés par la loi française ».

Si trois personnes au total ont décidé de s’immoler par le feu le 18 juin à Paris, c’est qu’elles étaient « menacées d’être extradées vers l’Iran », ajoute M. Vivien qui dit « comprendre » un tel geste de désespoir.

Deux personnes survivront à leurs blessures. MM. Aalami et Amini Gholipour sont soupçonnés d’avoir fourni le bidon d’essence ayant servi à la troisième personne, Sedighe Redjavi, pour s’enflammer. Ils ont été filmés dans une station-service proche de la manifestation en train d’acheter un jerrican vide puis du carburant.

Dans un premier temps, le juge d’instruction chargé du dossier avait délivré un non-lieu en faveur des deux hommes, qualifiant les faits poursuivis, non pas d’incitation au suicide, mais de « simple assistance à l’acte ».

Toutefois le parquet avait fait appel et obtenu gain de cause. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris avait estimé en avril 2006 que l’achat d’essence s’inscrivait dans le cadre d' »une action concertée », soulignant « l’autonomie altérée » des personnes qui s’immolaient en guise de protestation.

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