AFP, Téhéran, 11 février – L’avocate iranienne lauréate du prix Nobel de la paix 2003 Shirin Ebadi a écrit au président Mohammad Khatami pour se plaindre d’être une nouvelle fois convoquée par la justice et d’avoir reçu de nouvelles menaces de mort, rapporte vendredi l’agence étudiante Isna.
« J’ai été citée à comparaître devant la justice le 23 février, sans connaître la nature de cette nouvelle accusation ni les suites qui lui seront données », écrit Mme Ebadi dans sa lettre au président réformateur dont Isna reproduit des extraits.
Selon l’agence, Mme Ebadi indique également avoir fait l’objet d’une série de menaces de mort dont les auteurs, ont été arrêtés et emprisonnés avant d’être récemment relâchés. Elle dit aussi que des inconnus ont tenté à plusieurs reprises de pénétrer par effraction chez elle.
Toujours selon Isna, Mme Ebadi se plaint que la justice refuse de lui restituer l’hypothèque de sa maison qu’elle avait déposé comme caution dans une affaire vieille de plus de cinq ans.
Elle proteste également auprès de M. Khatami contre le fait que, au cours des derniers mois, plusieurs inconnus se faisant passer pour des policiers ont tenté de faire des descentes à son bureau pour l’arrêter, elle et ses collaborateurs.
« Des gens essayent d’entraver mes activités », écrit-elle.
En janvier, Mme Ebadi avait annoncé avoir reçu une convocation devant le tribunal révolutionnaire chargé des affaires de sécurité et de politique pour « s’expliquer », mais avait refusé de se plier à cette citation à comparaître, la jugeant « illégale » tant qu’elle ne serait pas motivée.
Le porte-parole de la justice, Jamal Karimi-Rad, avait alors expliqué que la plainte visait des faits « d’insulte » et émanait d’un particulier dont le nom n’a pas été révélé.
Mais début février, la justice avait fait machine arrière en annonçant qu’elle ne poursuivrait pas Mme Ebadi, après qu’une enquête eut montré que la plainte déposée contre elle ne méritait pas d’être portée devant un tribunal.
Ardent défenseur des droits de l’Homme, et en particulier des droits des femmes, Mme Ebadi s’est attiré la colère des durs du régime en s’affichant notamment à côté d’une dizaine de dissidents notoires ou en réclamant la fermeture des cellules d’isolement et la fin des mauvais traitements infligés en prison.