AFP, Genève, 11 février – Des représentants de l’Union européenne (UE) et de l’Iran ont conclu vendredi quatre jours d’intenses négociations à Genève sur le programme nucléaire iranien, au cours desquels l’UE a proposé de faciliter la livraison à l’Iran d’un réacteur à eau légère, ont indiqué des diplomates.
L’UE était représentée à ces négociations par la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Ils se sont efforcés de convaincre les Iraniens de donner des garanties qu’ils ne cherchent pas à se doter en secret de l’arme atomique sous couvert de nucléaire civil, comme les Etats-Unis les en soupçonnent.
Les quatre pays ont convenu qu’un nouveau round de négociations, au niveau des experts, se tiendrait à la mi-mars, probablement à Genève, avant qu’un « comité de pilotage » de plus haut niveau ne se réunisse fin mars pour faire le point, a indiqué à l’AFP un diplomate.
« Nous avons effectué un travail sérieux, qui se poursuit. Nous sommes dans un processus », a déclaré ce diplomate. « Nous avons traité tous les sujets que nous devions traiter ».
Un autre diplomate a estimé que cette session avait permis « d’approfondir des discussions que les deux parties avaient eues auparavant, sans toutefois que les positions se rapprochent beaucoup ».
L’Iran n’a pas commenté immédiatement le résultat des discussions de Genève. Les négociations Europe-Iran sur ce dossier piétinent depuis qu’elles ont débuté en décembre dernier à Bruxelles.
Un diplomate avait indiqué précédemment que l’UE avait proposé d’envoyer une mission à Téhéran pour préparer la livraison à l’Iran d’un réacteur nucléaire de recherche à eau légère. Cette proposition entre dans le cadre d’efforts pour inciter l’Iran à renoncer à l’arme atomique en échange d’une coopération technologique et d’avantages commerciaux.
Un réacteur à eau légère présente un moindre risque de prolifération que la centrale à eau lourde que les Iraniens veulent construire. Les réacteurs à eau lourde peuvent dégager des quantités importantes de plutonium, élément constitutif d’une bombe atomique.
Lors d’une précédente session de négociations en janvier à Genève, les trois pays européens avaient déjà proposé l’envoi d’une telle mission mais les Iraniens n’avaient pas donné suite, a précisé le diplomate.
Selon Gary Samore, spécialiste de la non-prolifération à l’Institut international d’études stratégiques (IISS) de Londres et ancien conseiller du président américain Bill Clinton, les Européens ont remis la proposition de mission sur la table « pour démontrer que les discussions progressent ».
Mais les Iraniens, a-t-il ajouté, trainent les pieds car ils craignent de « créer un précédent » et de devoir ensuite continuer sur cette voie, c’est-à-dire « l’abandon de leur programme (nucléaire) tel qu’ils le conçoivent en échange d’un soutien européen dans le domaine de la technologie nucléaire utilisée à des fins pacifiques ».
Les Européens cherchent notamment à persuader Téhéran de démanteler, en échange de contreparties technologiques, commerciales et politiques, un programme d’enrichissement d’uranium jugé dangereux par l’UE et par Washington.
La République islamique a accepté en novembre dernier de suspendre ce programme mais seulement de manière temporaire car elle estime avoir le droit de poursuivre un programme nucléaire civil.
L’uranium enrichi peut servir aussi bien à fabriquer une bombe atomique qu’à faire marcher une centrale nucléaire civile.
Un haut responsable iranien, Akbar Hachémi Rafsandjani, a déclaré vendredi que l’Iran ne voulait pas renoncer à enrichir son uranium mais était prêt à prendre des mesures pour « établir la confiance » et rassurer ainsi la communauté internationale sur ses intentions pacifiques.
« Cette confiance doit être obtenue en quelques mois. Deux à trois mois sont déjà passés. Nous avons donné une chance et espérons que l’Europe saura la saisir », a-t-il ajouté.