AFP, Téhéran, 13 février – « L’ordre divin » de mort édicté par l’imam Khomeiny contre l’écrivain britannique Salman Rushdie reste en vigueur, écrivait dimanche Jomhouri Eslami, le quotidien des ultra-conservateurs iraniens, dans un cahier spécial.
« Un ordre divin ne perd sa valeur avec le temps », affirme le journal dans ce supplément de huit pages publié à l’occasion du 16ème anniversaire de la fatwa promulguée par le fondateur de la République islamique.
Le journal reproduit à la une la fatwa (décret religieux) énoncée par l’imam Khomeiny le 14 février 1989 et condamnant à mort Salman Rushdie et son éditeur pour blasphème à cause du roman « les Versets sataniques ».
Jomhouri Eslami estime que la fatwa vient d’être renouvelée par l’actuel Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, dans un message aux musulmans effectuant le pèlerinage annuel à la Mecque.
Le 19 janvier, l’ayatollah Khamenei a qualifié Salman Rushdie de « mahdour al-damm mortad ». Dans la loi islamique, celui qui est « mortad » a quitté l’islam et est coupable d’apostasie. « Mahdour al-damm » s’applique à celui dont le sang peut être versé impunément.
Jomhouri caricature l’écrivain en Satan. Il évoque son remariage pour indiquer que ses femmes précédentes l’ont quitté et que « depuis 16 ans il est forcé de vivre dans la clandestinité ». Il reproduit le point du vue, datant de six ans, du grand ayatollah Fazel Lankarani selon lequel « la fatwa ne peut être révoquée ».
Samedi, les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique du régime, ont affirmé que « l’apostat Salman Rushdie » n’échappera pas à son châtiment, selon l’agence officielle Irna.
« Les musulmans n’ont jamais accepté les insultes contre leurs valeurs sacrées (…) le jour arrivera où ils puniront l’apostat Salman Rushdie pour ses actes scandaleux et ses insultes contre le Coran et le prophète », affirment-ils.
En 1998, le ministre des Affaires étrangères Kamal Kharazi avait promis à son homologue britannique de l’époque, Robin Cook, que son pays ne ferait rien pour exécuter la fatwa, malgré une prime de 2,8 millions de dollars placée sur la tête de Salman Rushdie par une fondation para-étatique.
Les relations avec la Grande-Bretagne se sont alors réchauffées jusqu’à être normalisées en 1999.