AFP: Par Laurent HOUSSAY Chefs d’Etat ou chefs de guerre, organisations terroristes ou forces de sécurité, la liste des « prédateurs » de la liberté de la presse établie par Reporters sans Frontières s’est allongée en 2011 et, depuis janvier, un journaliste a été tué tous les cinq jours dans le monde.
« Reporters sans frontières dénonce le rythme effréné des violences contre les journalistes et les net-citoyens, et publie un constat sans appel : depuis le 1er janvier 2012, un acteur de l’information est tué tous les cinq jours », indique RSF.
La publication de ce sombre palmarès de la répression contre les journalistes intervient à l’occasion de la Journée mondiale de la Liberté de la Presse, fixée le 3 mai.
Depuis le début de l’année, 21 journalistes, 6 net-citoyens et citoyens-journalistes ont été tués, notamment dans des zones de conflit comme la Somalie et la Syrie.
Six nouveaux prédateurs font leur entrée dans ce « sinistre club » de 41 personnes ou organisations (http://fr.rsf.org/#trombiPredateur) : le groupe islamiste Boko Haram au Nigeria, le Conseil suprême des forces armées en Egypte, le ministre de l’Information, des Postes et des Télécommunications du gouvernement fédéral de transition en Somalie Abdoulkader Mohamed Ahmed, Vasif Talibov, dirigeant de la région du Nakhitchevan en Azerbaïdjan, les services de renseignement au Pakistan et Kim Jong-un, « qui perpétue la dynastie prédatrice en Corée du Nord, après la mort de son père, King Jong-il ».
« Si elles ont fait tomber un certain nombre de dictateurs qui figuraient sur cette liste – Mouammar Kadhafi en Libye et Ali Abdallah Saleh au Yémen, notamment -, les révoltes populaires de 2011 n’ont malheureusement pas réussi à réduire le nombre global de ces ennemis de l’information », souligne l’ONG.
Double prédateur
L’association souligne comme « tendance notable » qu' »un nombre croissant de pays subissent la présence de deux prédateurs à la fois. Six Etats sont actuellement dans ce cas » : la Somalie, le Pakistan, l’Azerbaïdjan, la Russie (avec Vladimir Poutine et Ramzan Kadyrov, le président tchétchène), les Territoires palestiniens (les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne d’un côté, et du gouvernement du Hamas à Gaza) et enfin l’Iran (Ali Khameneï et Mahmoud Ahmadinejad).
Côté répression, l’Iran encore se classe toujours, avec l’Erythrée, la Chine, la Turquie et la Syrie, parmi les premières prisons du monde pour les journalistes.
A l’occasion de cette journée mondiale, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a rendu hommage à trois journalistes français morts en Tunisie et Syrie depuis début 2011 dans leurs fonctions, Lucas Deloga, Gilles Jacquier et Rémi Ochlik.
Par ailleurs en Afrique du Sud les éditeurs de presse ont tiré la sonnette d’alarme, pour dénoncer les menaces qui pèse sur le statut dont jouit la presse dans ce pays. « L’Afrique du Sud reste un phare de la liberté de la presse sur le continent africain, mais ce statut est vraiment menacé ». Un loi de « protection des informations d’Etat » actuellement débattue au Parlement menace de prison les journalistes qui publieraient des données classées secrètes.