Iran Focus – Le Parlement européen pourrait décerner le Prix Andrei Sakharov 2012 pour la liberté d’opinion à deux iraniens, une avocate et un réalisateur de films, selon le site internet du Parlement européen.
L’avocate emprisonnée Nasrin Sotoudeh et le réalisateur Jafar Panahi sont les deux iraniens à figurer parmi les nominations pour le Prix Sakharov cette année.
Nasrin Sotoudeh est une avocate iranienne spécialisée dans les droits de l’homme. Elle a représenté de nombreux activistes et personnalités politiques iraniens suite aux élections présidentielles contestées de juin 2009. Elle a également représenté de nombreux prisonniers condamnés à mort pour des délits commis alors qu’ils étaient encore mineurs. Elle fait partie des grands avocats en Iran emprisonnés pour avoir fait leur travail de défendre leurs clients.
Sotoudeh fut arrêtée en septembre 2010, accusée d’avoir diffusé de la propagande et comploté pour porter préjudice à la sécurité de l’Etat. Elle a été emprisonnée en cellule d’isolement dans l’infâme prison d’Evin. En janvier 2011, les autorités iraniennes ont condamné Sotoudeh à 11 ans de prison, lui interdisant également d’exercer sa profession d’avocat et de quitter le pays pendant 20 ans. Son mari, Reza Khandan, dit qu’elle a retiré toutes ses requêtes en appel.
Jafar Panahi est un directeur, scénariste et éditeur cinématographique iranien. Sa renommée internationale a commencé en 1995 avec le film Le Ballon blanc, récompensé par la Caméra d’or au Festival de Cannes 1995, le premier grand prix décerné par ce Festival à un film iranien. Malgré l’interdiction de la plupart de ses films en Iran, l’influence de Panahi dans le monde du cinéma iranien a été vite reconnue. Il a gagné de nombreux prix, dont le Léopard d’or à Venise en 1997, le Lion d’or à Venise en 2000, ainsi que l’Ours d’argent au Festival international du film de Berlin en 2006.
Panahi fut arrêté en 2010, avec sa femme, sa fille et plusieurs amis, et accusé par la suite de faits de « propagande contre le gouvernement iranien ». Il est condamné à 6 ans de prison et il lui est interdit de travailler dans le cinéma, d’être présent dans les médias ou de quitter le pays pendant 20 ans.
La liste des nominations comprend un groupe de musique punk féministe russe, un activiste de la société civile en Biélorussie, trois personnalités de l’opposition rwandaise, ainsi qu’un juriste pakistanais qui aide les victimes des lois interdisant le blasphème.
Le Prix Sakharov pour la liberté de l’esprit est décerné tous les ans pour récompenser des personnalités exceptionnelles qui luttent contre l’intolérance, le fanatisme et l’oppression et se battent pour les droits de l’homme et la liberté d’expression, selon le site internet du Parlement européen.
Le lauréat sera annoncé le 26 octobre par les leaders des groupes politiques et le prix sera remis le 12 décembre lors d’une cérémonie pendant la séance plénière du Parlement européen à Strasbourg.
En 2011, le prix fut décerné à cinq activistes arabes en reconnaissance du soutien de l’Europe pour la liberté et le Printemps arabe. Parmi les anciens lauréats, on retrouve les lauréats du Prix Nobel de la paix Nelson Mandela (1988), Aung Sang Suu Kyi (1990) et l’ONU, représentée par son Secrétaire-Général Kofi Annan (2003). Le prix est décerné par le Parlement européen depuis 1988.