PARIS, 15 septembre 2014 (AFP) – Les Etats-Unis ne coopéreront pas « militairement » avec l’Iran pour lutter contre l’Etat islamique en Irak mais veulent poursuivre la « discussion diplomatique » amorcée sur le sujet avec Téhéran en marge des négociations sur le nucléaire, a dit lundi le secrétaire d’Etat John Kerry.
« Nous ne nous coordonnerons pas avec l’Iran mais nous sommes ouverts à une discussion » à propos de la manière d’éradiquer les jihadistes sunnites de l’EI en Irak et en Syrie, a déclaré M. Kerry à Paris aux quelques journalistes qui voyagent avec lui.
Auparavant, sa porte-parole Jennifer Psaki avait indiqué que les Etats-Unis ne coopéraient pas « militairement » avec l’Iran sur le dossier irakien, et qu’ils « ne le feraient pas ».
Le secrétaire d’Etat John Kerry achève une tournée marathon pour bâtir une coalition internationale contre les jihadistes de l’EI.
Pour monter une stratégie de lutte contre ce groupe armé, « nous en avons discuté (avec l’Iran) en marge du P5+1 », du nom du groupe de grandes puissances qui négocient avec Téhéran sur son programme nucléaire, a ajouté John Kerry.
Il a ajouté « laisser toujours ouverte la possibilité d’avoir une discussion » sur ce dossier.
Le ministre américain réagissait à des déclarations du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, selon lesquelles l’Iran avait rejeté une demande de coopération des Etats-Unis contre l’EI.
Il n’a toutefois pas voulu commenter directement ces propos du numéro 1 iranien.
D’après son site officiel, l’ayatollah Khamenei, à la sortie de l’hôpital où il a été opéré de la prostate, a déclaré que dès les premiers jours de l’offensive des jihadistes, « les Etats-Unis via leur ambassadeur en Irak ont demandé une coopération contre Daesh » (acronyme en arabe de l’EI, ndlr). « J’ai refusé car ils ont les mains souillées », a-t-il dit.
« Le secrétaire d’Etat américain (John Kerry) a également demandé personnellement à (son homologue iranien) Mohammad Javad Zarif, et il a refusé », a ajouté le numéro un iranien.
A Ankara vendredi, John Kerry s’était dit opposé à la présence de Téhéran, pourtant également ennemi des sunnites de l’EI, à la conférence internationale sur l’Irak qui s’est achevé lundi à Paris. L’Iran n’avait finalement pas été convié à cette réunion.
Washington et Téhéran –qui n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980– avaient déjà engagé des discussions à propos de l’EI en Irak en marge d’une session des pourparlers sur le nucléaire, notamment à Vienne.
Ces tractations doivent reprendre le 18 septembre à New York, a rappelé M. Kerry.
Sur le dossier nucléaire stricto sensu, le chef de la diplomatie américaine s’est contenté d’exprimer prudemment « l’espoir qu’il soit possible de trouver un moyen de sceller un accord » fin novembre.