Avec agences – Le premier débat télévisé en direct entre les six candidats à la présidentielle iranienne du 19 mai a été marqué vendredi par de vifs échanges entre le président sortant Hassan Rohani, le président des mollahs, et Mohammad Bagher Ghalibaf, maire de Téhéran, et quatre autres candidats à la présidentielle iranienne du 19 mai, se sont confronté lors d’un débat télévisé le 28 avril.
« Mensonge », « mauvaise gestion »… Les accusations se sont multipliées entre d’un côté Hassan Rohani et son 1er vice-président Es-Hagh Jahanguiri, également candidat, et de l’autre, Mohammad Bagher Ghalibaf.
« Notre grand problème (…) est l’emploi, vous aviez promis de créer quatre millions d’emplois », a déclaré Ghalibaf en s’adressant au président sortant. « Je n’ai jamais promis la création de quatre millions d’emplois. C’est un mensonge », a rétorqué Rohani.
Le chômage, qui dépasse les 12,4%, le logement social et l’aide aux couches défavorisées, ont largement dominé ce premier des trois débats télévisés prévus entre les six candidats au scrutin présidentiel iranien.
Les trois autres candidats, le religieux conservateur Ebrahim Raissi, le conservateur Mostafa Mirsalim et le soi-disant réformateur Mostafa Hashemitaba, sont restés plus en retrait lors de cette première confrontation.
Ghalibaf a accusé Rohani et son gouvernement de « mauvaise gestion » et de « répéter en permanence que le gouvernement n’a pas les moyens » pour résoudre les problèmes du pays, en particulier, le chômage, qui touche 3,3 millions de personnes, et le manque de logement social.
Il a également accusé le 1er vice-président Jahanguiri d’être en réalité un candidat de soutien à Rohani pour l’aider dans les débats télévisés. Selon plusieurs responsables réformateurs, M. Jahanguiri devrait se retirer de la course présidentielle après les débats télévisés pour apporter son soutien au président sortant.
Jahanguiri a, lui, accusé M. Ghalibaf de gérer « Téhéran avec une mentalité de militaire », allusion au passé du maire de la capitale iranienne qui a été commandant de la force aérienne des Gardiens de la révolution et chef de la police nationale.
Lors de la présidentielle de 2013, Rohani avait déjà accusé Ghalibaf d’avoir une « pensée de caserne ».
Le maire de Téhéran a enfin accusé le gouvernement d’être celui « des 4% » les plus riches de la société » estimant qu’il fallait mobiliser les moyens du pays pour venir en aide aux couches défavorisées.
Une partie de la population, notamment les jeunes, a d’ores et déjà choisi de boycotter le scrutin, qui n’a d’élection que le nom. La contradiction entre un système théocratique dominé par un « guide » et un système électoral dite « moderne » est une réalité qui exclue toute évolution démocratique dans le système iranien. Les mollahs n’hésitent pas eux-mêmes à qualifier de « démocratie guidée », l’encadrement de l’élection par un organe de « sélection ».
Selon ce processus contrôlé par le Conseil des gardiens de la constitution, le candidat doit tout d’abord répondre aux six conditions prévues par la constitution, notamment celui d’être « un homme (et pas une femme) politique croyant » et « fidèle à l’Islam et aux fondements de la république islamique d’Iran ». Le moindre écart vis-à-vis du Principe du Guide suprême disqualifiera le candidat.
Le guide suprême voudra éviter une répétition du soulèvement de 2009, lorsque d’intenses manifestations de rues avaient failli renverser son régime. Or la nouvelle conjoncture des crises multiples du régime, l’amplitude sans précédent des luttes intestines et la dégradation sensible de l’autorité du Guide Suprême, font de cette élection un enjeu inédit, où se jouera le sort du régime.