IranIran (actualité)La «démocratie » en Iran

La «démocratie » en Iran

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The Wall Street Journal, 20 juin 2005 – Une élection truquée, pas une victoire réformiste.

L’aspect le plus étonnant du scrutin présidentiel de vendredi ce n’est pas que les élections connaîtront un deuxième tour, mais que Téhéran ait réussi à convaincre tant de monde en Occident qu’il s’agit d’une véritable manifestation de démocratie.

Tout le pouvoir est aux mains du Guide suprême Ali Khameneï, son Conseil des Gardiens et la petite clique de militaires et d’hommes d’affaires en orbite autour de lui. Le Conseil a disqualifié plus de 1000 candidats avant les élections, ne laissant passer que ceux qui soutiennent les lignes idéologiques du régime. L’exemple du président « réformateur » sortant Mohammad Khatami, qui a présidé huit années de déclin économique et de répression aggravée, a prouvé que le Président de ne peut pas changer quoi que ce soit contre la volonté du Conseil.

Le seul chiffre qui vaut la peine d’être analysé dans le scrutin de vendredi c’est celui du taux de participation. De nombreux Iraniens avaient appelé à un boycott comme le seul moyen de faire preuve de résistance. Le sachant, les mollahs semblent avoir porté leur manipulation habituelle des élections à un nouveau degré. L’intimidation par les gardiens de la révolution et le fait qu’une preuve de vote soit nécessaire pour obtenir certains emplois et des allocations sociales ont toujours gonflé la participation. Cependant, le taux de participation n’a cessé de décliner ces dernières années jusqu’à peine 50%.

Cependant cette fois la participation était de 62,7%, exactement le niveau que le guide suprême Khameneï avait prédit. « Il y a quelque chose de louche là-dedans », fait Patrick Clawson, qui suit l’Iran pour l’Institut de politique proche-orientale de Washington. Contredisant tous les articles sur le climat dans le pays avant le vote, les candidats extrémistes ont reçu un soutien sans précédent, alors que le principal candidat réformateur Mostapha Moïne, arrivait en cinquième place. M. Moïne a aussi suggéré que l’élection avait été truquée, mais comme le régime ne permet la présence d’aucun observateur, l’ampleur véritable de la fraude ou du mécontentement de Iraniens ne peut être connue.

L’élection finale aura donc lieu entre l’ancien président Akbar Hachemi Rafsandjani et le maire extrémiste de Téhéran Mahmoud Ahmadinejad, qui a surpris les observateurs occidentaux en finissant second. Aucun des deux hommes n’est un modéré dans aucun des sens que l’entend l’occident. M. Rafsandjani s’est tenu auprès de feu l’ayatollah Khomeiny depuis le premier jour de la révolution iranienne et était au pouvoir quand l’Iran lançait le terrorisme international et raflait les prisonniers politiques. Il est aussi le père du programme nucléaire iranien et songeait à haute voix en 2001 que le monde islamique n’aurait besoin que d’une seule bombe atomique pour détruire Israël.

La tentation sera grande, spécialement en Europe, de considérer M. Rafsandjani comme le « pragmatique » du régime et quelqu’un en qui on peut faire confiance pour mettre un terme au programme d’enrichissement de l’uranium en réponse à de bonnes « concessions économiques ». Mais il est plus juste de lire dans le résultat de cette élection une tentative du régime de resserrer son contrôle et de présenter un front extrémiste uni alors qu’il sprinte pour développer la bombe sous couvert des négociations.

Ecrivant dans ces pages la semaine dernière, Chirine Ebadi, la lauréate du prix Nobel de la Paix, a mis en garde l’occident contre toute concession offerte au régime, exhortant l’Europe et les Etats-Unis d’aider à la place le mouvement pour la démocratie en mettant en relief les violations des droits de l’homme en Iran. Un jour avant le scrutin, le président Bush se tournait enfin vers le peuple iranien :

« L’Iran est Aujourd’hui dirigé par des hommes qui réprime la liberté dans le pays et répandent la terreur à travers le monde. Le pouvoir est entre les mains d’une poignée de personnes non élues qui retiennent le pouvoir par le biais d’un processus électoral qui ignore les conditions élémentaires de la démocratie … et au peuple iranien, je dis : « Quand vous défendez votre propre liberté, le peuple américain se tient à vos côté. » Malheureusement, les Iraniens attendent toujours d’être entendus par l’Europe.

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