IranIran (actualité)Ahmadinejad, un vrai dur en quête de "pureté"

Ahmadinejad, un vrai dur en quête de « pureté »

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AFP, Téhéran, 25 juin – Nicolas GAUDICHET – En votant vendredi, le nouveau président iranien a murmuré une courte prière, puis brandi le poing comme les combattants de la guerre contre l’Irak: sous son air anodin, Mahmoud Ahmadinejad est un dur parmi les durs qui exalte l’islam et la « pureté » de la Révolution.
Ce vétéran des unités spéciales des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique, a la mise modeste. Maire de Téhéran, il touche un salaire d’enseignant. Si ce père de trois enfants est aimé du peuple, c’est qu’il en fait partie, martèle-t-il.
Et c’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles il l’a emporté au second tour de la présidentielle contre Akbar Hachémi Rafsandjani, l’homme de pouvoir dénigré comme l’une des plus grosses fortunes d’Iran.
Mais ses déclarations témoignent de son appartenance à une droite « fondamentaliste », qui n’a jamais accepté la libéralisation de la présidence Khatami et a repris un à un tous les bastions perdus aux réformateurs.
« Nous n’avons pas eu la Révolution pour avoir la démocratie »; « Il faut choisir un gouvernement courageux dévoué au parti de Dieu (hezbollah) »; « Notre politique culturelle était ces dernières années incontrôlée. Des réseaux organisés propagaient la décadence ».
De quoi faire froncer les sourcils des Occidentaux. M. Ahmadinejad est amoureux de rhétorique qui dénonce les « ennemis » de la République islamique. Il refuse les « relations imposées » avec les Etats-Unis. Il prévient que l’Iran n’abdiquera pas ses droits au nucléaire sous « les pressions impérialistes ».
Les conférences de presse de ce petit homme sec au regard perçant et à la barbe noire soigneusement taillée, débutent par une longue lecture du Coran pendant que ses partisans embrassent le livre sacré.
Un de ses collaborateurs, Mehdi Chamran, s’offusque de l’intention qu’on lui prête de renforcer la ségrégation sexuelle: « Au début de la Révolution, est-ce qu’il y avait des rideaux pour séparer hommes et femmes dans la rue ? Non. Au début de la Révolution, il y avait une atmosphère de pureté et d’honnêteté ».
Pour ses adversaires, sa qualification pour le second tour de la présidentielle a été manipulée. M. Ahmadinejad semble bien avoir reçu le soutien des forces les plus conservatrices de la République. Celles-ci auraient lâché au dernier moment Mohammad Baqer Qalibaf, trop occidentalisé, en sa faveur. De là à conclure qu’il était le candidat préféré du Guide suprême…
Il a dû se défendre d’accusations de « fascisme » et de rumeurs effrayantes, qui font de lui l’ancien exécuteur de basses oeuvres dans les forces spéciales. « M. Ahmadinejad est un ingénieur. Il ne peut pas avoir été un tueur travaillant pour les services de Renseignement », s’indigne M. Chamran.
Ceux qui adopteront une attitude contraire à ses valeurs, M. Ahmadinejad dit vouloir « les convaincre par la gentillesse et en instaurant un climat propice aux idéaux ».
Pour M. Ahmadinejad, la liberté en Iran va « au-delà de ce qu’il est possible d’imaginer » mais doit s’inscrire dans un « cadre ». L’omnipotence des conseils non-élus ou du Guide ne peut être remise en cause.
Plusieurs dissidents sont en prison pour avoir brisé ce tabou. Comme la justice ultra-conservatrice, M. Ahmadinejad réfute qu’il y ait des prisonniers politiques en Iran. M. Chamran se veut rassurant: « M. Ahmadinejad travaillera pour une société dans laquelle il n’y aura pas de prisonnier du tout ».
Inconnu jusqu’à ce qu’il prenne la mairie de Téhéran en mai 2003, celui qui n’avait guère occupé d’autre fonction officielle que celle de gouverneur de la province excentrée d’Ardebil (ouest) a usé de la municipalité comme d’un tremplin. Il a bâti une assise électorale sur un discours populiste bien perçu par des classes populaires écrasées par le chômage, l’inflation et un quotidien éreintant.
Il s’est affiché en tenue d’éboueur. On l’a vu roulant dans la peu rutilante voiture nationale, la Paykan. Il a expliqué qu’il ne recevait pas d’argent en échange de sa charge. Il s’est décrit après avoir voté vendredi comme un « balayeur des rues de la nation iranienne ».
De son bilan municipal, le petit peuple retient plus son action contre les embouteillages ou les prêts sans intérêt aux jeunes mariés que les restrictions culturelles, le projet d’enterrer des martyrs sous les places téhéranaises ou l’interdiction d’une publicité à l’effigie de David Beckham.
« Des femmes sont venues lui offrir leur or » pour financer sa campagne, affirme M. Chamran tandis que son adversaire malheureux, Akbar Hachémi Rafsandjani, a dû se défendre sur sa fortune présumée.

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