Le Monde, 28 octobre – La France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, les trois pays en pointe dans les négociations engagées avec l’Iran sur son programme nucléaire, ont, à l’unisson des Etats-Unis, condamné les déclarations du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, qui a appellé mercredi à « rayer Israël de la carte » . C’était la première fois depuis des années qu’un dirigeant iranien aussi haut placé prônait publiquement la disparition de l’Etat d’Israël, même si celle-ci fait partie de la propagande du régime.
La France a décidé de convoquer l’ambassadeur d’Iran « pour obtenir des explications » sur les déclarations « inacceptables » de M. Ahmadinejad. « Le droit d’Israël à exister ne saurait être contesté », a fait valoir le ministre des affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, en rappelant dans un communiqué que cet Etat avait été créé par une décision de l’Assemblée générale des Nations unies. « Le droit international s’applique à tous », a-t-il dit.
INQUIÉTUDES « RENFORCÉES » SUR LES AMBITIONS NUCLÉAIRES DE L’IRAN
« Si ces propos ont effectivement été prononcés, ils sont inacceptables et à condamner avec la plus grande fermeté », a déclaré de son côté le ministère des affaires étrangères allemand, par la voix de son porte-parole, Walter Lindner.
Londres a indiqué jeudi matin qu’il allait émettre une protestation officielle dans la journée. « Les commentaires [du président »> Ahmadinejad sont profondément inquiétants et écurants, a déclaré un porte-parole du ministère des affaires étrangères britannique. Nous allons protester auprès du chargé d’affaires iranien. » « Dire que l’Iran veut rayer Israël de la carte ne va que renforcer les inquiétudes à propos des ambitions nucléaires de l’Iran », a-t-il estimé. Et d’ajouter : « Nous avons vu en Israël l’horrible réalité de la violence dont il fait l’éloge », en référence à l’attentat-suicide qui a tué mercredi cinq Israéliens et blessé une trentaine d’autres à Hadera, dans le nord d’Israël.
Le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, a exprimé « dans les termes les plus tranchants son rejet » de l’appel du président iranien, et a « convoqué de façon urgente » l’ambassadeur d’Iran à Madrid « pour lui réclamer des explications », selon un communiqué du ministère.
« C’est une déclaration absolument inacceptable », a déclaré le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, estimant que « nous devons respecter les frontières, et respecter l’intégrité d’Israël, et nous voulons voir Israël vivre en paix avec ses voisins ».
« CAUCHEMAR POUR LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE »
Israël, qui se considère le premier visé par les efforts nucléaires de l’Iran, a estimé que ce pays présentait un danger « évident et actuel ». « Nous pensons que l’Iran essaie de gagner du temps (…) afin de pouvoir développer une bombe atomique », a affirmé à Jérusalem son ministre des affaires étrangères, Sylvan Shalom. « Nous pensons qu’il est temps de porter le dossier iranien devant le Conseil de sécurité, et le plus tôt sera le mieux », a-t-il ajouté. « Ce type de régime est très extrême et cela sera un cauchemar pour la communauté internationale s’il acquiert une bombe atomique », selon lui. M. Shalom a toutefois relevé que « ce n’est pas la première fois que ce régime espère la destruction de l’Etat d’Israël ».
De son côté, la Maison Blanche s’est jugée confortée dans son inquiétude, maintes fois exprimée, face à la stratégie iranienne. « Je pense que (les déclarations du président iranien) confirment simplement ce que nous avons dit sur le régime en Iran. Elles soulignent nos inquiétudes » sur les ambitions nucléaires de l’Iran, a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Scott McClellan, à la presse.
Avec AFP