Daily Telegraph, 17 janvier De Mark Steyn Examinons la situation. Nous avons dun côté un État dont le programme nucléaire va de lavant à plein régime et dont le président a menacé de rayer de la carte un autre État souverain.
Et de lautre côté de la table des négociations, nous avons le ministre des Affaires Étrangères et du Commonwealth de sa Majesté britannique.
Jack Straw se donne beaucoup de mal pour faire comprendre que ni lui ni personne dautre nenvisage une action militaire contre lIran. Mais ce qui a indiqué quil perdait patience avec les mollahs, cest lorsque les représentants de M. Straw ont laissé entendre quils étaient prêts à considérer la possibilité de possiblement considérer la préparation dune motion possible sur des sanctions pour que le Conseil de Sécurité de lONU considèrent la possibilité de la considérer.
Mais ne vous inquiétez pas, nous nexagérons pas ici plus que nécessaire. Tout dabord, le bureau des Affaires Étrangères et du Commonwealth considère « des sanctions rigoureusement ciblées telles quune interdiction de voyage pour les dirigeants iraniens ».
Ça leur apprendra ! Les missiles iraniens peuvent bien quitter lespace aérien de lIran, mais pas le ministre adjoint du Commerce. Finis les voyages à Paris pour admirer la collection printemps ou les séjours au ski à Gstaad pour le gratin des ayatollahs.
Inutile de dire que le ministre adjoint allemand des Affaires Étrangères, Gernot Erler, a déjà averti que tout ceci allait trop loin et que des sanctions pouvaient bien plus nous nuire à nous quaux Iraniens. Peut-être est-ce comme ça que cela se passe dans le quotidien dun bon/mauvais flic, avec ce Herr Erler proposant affablement aux voyous de coopérer ou sinon il enverrait son copain Jack pour déchirer leurs billets pour la première du film de Michael Moore au Festival de Cannes.
Mais si jétais à la place du président Ahmadinejad ou de ces ayatollahs encore plus loufoques, je retournerais dans ma tête le fait que Jack Straw et compagnie prennent des gants avec moi et je me dirais : ouah ! si cest là le respect que lon nous accorde avant que les armes nucléaires soient complètement opérationnelles, imaginez comment ils vont nous traiter lannée prochaine à la même époque. A propos, lhypothèse avancée par la presse européenne selon laquelle la charge nucléaire ne pourrait pas voler avant trois ou quatre ans est ridiculement optimiste.
Ainsi toute stratégie occidentale qui prend du temps est dans lintérêt du régime. Après tout, le président Ahmageddon a connu une expérience formatrice en 1979 avec la prise de lambassade américaine à Téhéran. Il me semble que cest Andrei Gromyko qui a fait remarquer que si les étudiants avaient fait subir le même sort à lambassade soviétique, il ny aurait eu plus quun cratère à la place de Téhéran dans les heures qui auraient suivi.
Alors que pouvons-nous faire ? A lheure actuelle, lIran peut compter sur au moins deux veto au Conseil de Sécurité contre toute action significative de la « communauté internationale ». Quant à ceux qui sont bien décidés à agir, la difficulté pour les États-Unis et Israël est que le problème ne peut vraiment pas se résoudre comme pour Osirak : une frappe chirurgicale rapide, on arrive et on repart. Selon les estimations, il existe plus de deux cents sites potentiels éparpillés sur un vaste terrain de nature diverse, de repaires de montagne isolés à des banlieues résidentielles.
Pour les neutraliser tous, il faudrait une campagne soutenue de bombardements durant plusieurs semaines, avec les dommages collatéraux habituels dans les écoles, les hôpitaux, etc. faisant les gros titres de CNN et de BBC. Pendant ce temps, le sud chiite irakien se transformerait en un autre triangle sunnite pour les forces de la coalition. Chaque défi à lOccident commence comme une lutte entre des volontés différentes, et daprès lhistoire récente de lIran, du Shah et du siège de lambassade à l « insurrection » irakienne et aux fameuses petites phrases de M. Straw, montre que lOccident ne peut pas rassembler la volonté nécessaire pour les obliger à reculer.
Cependant, au vu de la déstabilisation de lIrak par lIran et de son soutien à des groupes terroristes au Liban et en Palestine, en admettant que ce soit vrai, il ne serait certainement pas difficile de lui rendre la monnaie de sa pièce. Qui, après tout, apprécie le régime de Téhéran ? Les gouvernements russe, chinois et nord-coréen et lextravagant M. Straw semblent lapprécier, mais cela parait moins évident en ce qui concerne le peuple iranien.
La majorité de la population en Iran est plus jeune que la révolution : quils soient ou non « proaméricains » comme on le prétend parfois, ils nont aucun souvenir du Shah. Tout ce quils ont connu, cest cette république islamique détraquée dont le taux de chômage atteint en ce moment les 25 pourcent. Si la guerre éclatait, ce surplus de jeunes hommes mettraient luniforme pour défendre leur patrie.
Pourquoi ne pas exploiter leur excédent dénergie dès maintenant ? Comme les terroristes étrangers lon prouvé en Irak, nul besoin dun soutien local fort pour créer lillusion dune insurrection populaire (du moins pour Tariq Ali et John Pilger). Ne serait-ce pas possible de retourner la situation et de secouer les dissidents quelque peu léthargiques en Iran ? Si Téhéran était préoccupé par une répression interne, il serait plus difficile pour eux de réaliser leur prétention à devenir une superpuissance dans la région.
Qui dautre pourrions-nous secouer ? Et bien, avez-vous lu cet article du Sunday Telegraph ? Huit garde-frontières du régime ont été enlevés et menacés dêtre décapités par un groupe fanatique sunnite de la province du Baluchistan en Iran. Je suis davis pour dire que les Chiites représentent un pari à long terme beaucoup plus sûr que les Musulmans réformables, mais étant donné quil y a six millions de Sunnites en Iran et quils sont majoritaires dans certaines provinces, ne serait-il pas possible de donner au régime son propre triangle sunnite ?
Il ny a aucune solution sans risques, bien que certaines soient exagérées, y compris la colère de la région en cas daction de lOccident, je doute que beaucoup de régimes arabes sunnites veuillent vraiment vivre sous le parapluie nucléaire dune superpuissance chiite persane. En effet, une raison supplémentaire (au cas où vous en auriez besoin) de faire un croc-en-jambe au petit Assad à Damas aurait pour but de montrer que lorsque lon devient trop intime avec Téhéran, et bien il faut en payer le prix.
Mais chaque risque doit être évalué par rapport à la certitude que lIran utiliserait sa capacité nucléaire de la même façon que le pays utilise ses autres atouts : en soutenant les groupes terroristes qui opèrent contre ses ennemis.
Et le dorlotement des mollahs par Jack Straw est particulièrement indigne dans le sens où, puisque lIran a une stratégie, le conseiller en chef du président, Hassan Abbassi, fonde celle-ci sur le principe selon lequel « la Grande-Bretagne est mère de tous les maux », ceux-ci étant lAmérique, lAustralie, Israël, les États du Golfe et même le Canada et la Nouvelle-Zélande, progéniture pernicieuse de lEmpire britannique.
« Nous avons créé un service destiné à soccuper de lAngleterre », a déclaré M. Abbassi en mai dernier. « La mort de lAngleterre est à notre programme. » A propos des ayatollahs, lAngleterre pourrait au moins retourner le compliment.