AFP, Bandar-Abbas (Iran), 12 mars – Le procès en appel d’un Français et d’un Allemand, condamnés en janvier à 18 mois de prison pour avoir pénétré illégalement dans les eaux territoriales iraniennes, s’est tenu dimanche à Bandar Abbas (sud), et le verdict est attendu d’ici une semaine.
L’audience s’est déroulée à la cour d’appel de la capitale de la province d’Ormouzegan, en présence des deux condamnés, assistés par des avocats iraniens.
Les deux hommes avaient loué le 29 novembre un bateau et s’étaient rendus au sud de l’île d’Abou Moussa, dans l’ouest du détroit d’Ormuz, une zone disputée entre l’Iran et les Emirats. L’île d’Abou Moussa est contrôlée par l’Iran.
L’Allemand, Donald Klein, 52 ans, un fan de pêche au gros, originaire de Lambsheim en Rhénanie-Palatinat (ouest) avait pénétré dans les eaux territoriales iraniennes avec un skipper français, Stéphane Lherbier, 32 ans, lors d’une partie de pêche au large des Emirats arabes unis.
Ils avaient été condamnés à 18 mois de prison le 24 janvier par un tribunal de Bandar Abbas.
Lors de l’audience, les deux hommes avaient expliqué qu' »ils n’avaient aucune intention de pénétrer dans les eaux territoriales iraniennes », selon un de leurs avocats, qui avait ajouté: « ils étaient partis pêcher en mer et se sont rendus compte seulement au moment de leur arrestation qu’ils étaient allés trop loin ».
Dimanche, l’avocat de M. Lherbier, Abdolhamid Abdolhamd, a rappelé que son client « ne savait pas qu’Abou Moussa appartient à l’Iran, car les cartes et brochures qu’il a obtenues aux Emirats arabes unis (EAI) mentionnent l’île comme appartenant aux Emirats ».
Les deux hommes ont été blanchis en première instance d’une accusation d’espionnage, selon leurs avocats.
Lors de l’audience en appel, l’avocat de l’Allemand, Abdolsamad Khoramshari a demandé la clémence de la cour, en rappelant que son client « est un fan de pêche qui s’est retrouvé accidentellement dans la zone » iranienne.
Il a ajouté que l’affaire « doit être considérée d’un simple point de vue judiciaire, et en dehors de toutes questions politiques ».
L’Iran est sur la sellette internationale à cause de son programme nucléaire controversé.
Un avocat de M. Lherbier, M. Azemati, a pour sa part remarqué que les nombreux citoyens afghans résidant illégalement en Iran sont traités avec beaucoup plus de clémence.
Stéphane Lherbier réside aux Emirats arabes unis depuis un an et demi, où il possède une petite entreprise de location de bateaux de pêche.
Il a déclaré à la cour: « Si le tribunal pense que j’ai amené sciemment M. Klein à Abou Moussa en sachant que c’est un territoire iranien, cela voudrait dire que je voulais quitter ma famille et être mis en prison ». Ce qu’il a vigoureusement démenti.
Son épouse, Véronique, 30 ans, et leur fille de deux ans, Lola, étaient présentes à l’audience.
Dans une lettre adressée au juge du tribunal, Mme Lherbier lui a demandé « de l’aider à sortir de ce cauchemar ». « L’avenir de ma petite fille est entre vos mains », a-t-elle souligné.
Les condamnés ont assisté à l’audience dans leurs vêtements civils, et sans menottes.