The Daily Telegraph, 14 novembre 2006 Dans son discours au Guildhall hier soir, Tony Blair a présenté les grandes lignes de son nouveau plan pour lIrak. Sa proposition est largement en accord avec les recommandations attendues de lIraq Study Group de Washington, dirigé par lancien secrétaire dEtat, James Baker.
Les deux versions de cette formule, lAméricaine et celle de Downing Street, constituent le nouveau projet de réponse réaliste au dilemme du chaos en Irak daprès-guerre. Elles représentent en fait une volte-face remarquablement brutale dans lapproche anglo-américaine des problèmes de la région.
LIran et la Syrie se verraient offrir un statut privilégié en éclaircissant le futur de lIrak, même sils étaient antérieurement considérés comme de sérieux obstacles à la paix au Moyen Orient et, dans le cas de lIran, le pays soutenant le plus le terrorisme en Occident, comme nous le rappelle Con Coughlin aujourdhui dans ses révélations sur les liens entre Téhéran et Al Qaïda.
En effet, depuis la révolution islamique de 1979 et la douloureuse prise dotages à lambassade américaine de Téhéran, lIran est devenu lennemi juré de lAmérique.
Ce pays représentait un danger si grave que lon a soutenu le régime de Saddam Hussein dans la guerre Iran-Irak pour quil fasse rempart à lintégrisme islamique iranien.
Saddam a été depuis renversé par ses anciens alliés en Occident et, avec une ironie étrange, le régime iranien, qui était son ancien instrument de vengeance, est invité aux côtés de la Syrie à partager le butin de son pays.
Cette approche, dans laquelle deux pays, autrefois catalogués sans équivoque par la Maison Blanche dans les nations néfastes, deviennent par miracle « une partie de la solution », défie toute logique crédible excepté celle du désespoir ignominieux.
Il est difficile déviter den conclure que Washington et Londres ont maintenant tellement hâte de trouver une formule qui sauve la face et qui leur permettrait de se laver les mains de lIrak et de ses problèmes apparemment irrésolubles quils sont prêts à se retirer de leurs positions quils avaient déclaré, il y a seulement quelques semaines, réglées par des principes et immuables.
Au lieu de délivrer des ultimatums au président iranien Mahmoud Ahmadinejad sur ses ambitions nucléaires, la Grande-Bretagne et lAmérique linvitent à jouer un rôle plus important et plus influent dans la politique internationale.
Même si lon suppose avec un grand optimisme que lIran et la Syrie seraient prêts à faire les promesses sur le développement nucléaire et le terrorisme international que George W. Bush et M. Blair disent vouloir en retour, il semble très peu probable que lengagement de ces pays puisse déboucher sur une stabilité durable. La Syrie est gouvernée par un régime sunnite baathiste presque hostile au gouvernement chiite dIran.
Aucun de ces pays nest intéressé par une résolution à long terme du problème palestinien. La proposition Blair-Baker ressemble plus à une opération de complaisance quà une stratégie alternative positive.