The Daily Telegraph, 14 novembre De Con Coughlin LIran cherche à prendre le contrôle du réseau terroriste dOussama Ben Laden, Al Qaïda, en encourageant la promotion de personnes ayant des liens damitié avec Téhéran, le Daily Telegraph est en mesure de révéler.
Selon des informations récentes obtenues par des agences de renseignement occidentales, les Iraniens forment de hauts agents dAl Qaïda à Téhéran afin quils prennent le contrôle de lorganisation lorsque Ben Laden quittera sa place de leader.
Des rumeurs circulent depuis plusieurs mois sur son état de santé. Ben Laden, 49 ans, qui souffrirait vraisemblablement de problèmes rénaux nécessitant des dialyses régulières, nest pas apparu dans une de ses vidéos depuis plus de deux ans, encouragent la rumeur de son décès.
Un rapport des services de renseignement français, la DGSE, divulgué en septembre, suggère que Ben Laden, dont la capture vaut 25 millions de dollars, est mort de la typhoïde plus tôt cette année.
Même sil est encore en vie, les agents du renseignement travaillent sur lhypothèse que sa capacité à contrôler le groupe est sévèrement diminuée et que la majeure partie de lorganisation quotidienne est gérée par Ayman al-Zawahiri, bras droit de Ben Laden, dorigine égyptienne.
LIran a toujours entretenu des relations étroites avec Al Qaïda, bien que cet Etat musulman chiite soit connu pour ses nombreux différends stratégiques et idéologiques avec la direction sunnite de ce groupe terroriste.
Le renseignement occidental estime maintenant que lIran cherche à cultiver une nouvelle génération de leaders pour Al Qaïda, prêts à travailler en collaboration avec Téhéran lorsquils seront aux rênes de lorganisation.
De récents rapports despionnage sur lIran indiquent que les Iraniens sont particulièrement désireux de promouvoir Saif-al-Adel, célèbre agent dAl Qaïda recherché par les Etats-Unis pour son rôle présumé dans lentraînement des terroristes du 11 septembre.
Al-Adel, 46 ans, ancien colonel des forces spéciales en Egypte qui a rejoint les rangs dAl Qaïda après avoir combattu aux côtés des Moudjahidine contre les forces soviétiques en Afghanistan dans les années 1980, est le numéro 22 des terroristes les plus recherchés par le FBI à la suite des attentats du 11 septembre.
Il aurait également participé au meurtre de 18 soldats américains en 1993 en Somalie et aux attentats à la bombe contre les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie en 1998.
Al-Adel est techniquement assigné à résidence à Téhéran depuis quil sest réfugié en Iran fin 2001 avec des centaines dautres combattants dAl Qaïda à la suite de linvasion de la coalition menée par les USA en Afghanistan.
Ces cinq dernières années, il vit dans un logement des Gardiens de la Révolution à Téhéran aux côtés de Saad et Mohammed Ben Laden, deux des fils du chef dAl Qaïda.
Jusquen 2003, al-Adel était chef de la sécurité de Ben Laden et, depuis son arrivée en Iran, il entretiendrait des relations personnelles proches avec plusieurs hauts commandants des Gardiens de la Révolution.
Les Iraniens font aujourdhui pression sur la direction dAl Qaïda pour faire dal-Adel le numéro trois de lorganisation ce qui, étant donné létat de santé de Ben Laden, ferait probablement de lui le numéro deux. Cela le placerait alors dans une position suffisamment puissante pour prendre le contrôle total du réseau Al Qaïda dans le cas où Zawahiri était tué ou incapable de poursuivre la direction du groupe.
« Il sagit dune attaque en force importante de la part des Iraniens ; lidée dune alliance entre Al Qaïda et lIran est réellement terrifiante », a affirmé un haut responsable du renseignement en Occident. « Ils ont eu des différends dans le passé, mais lexistence même de lIran et dAl Qaïda étant en danger désormais, ils se rendent compte que cest dans lintérêt de chacun de forger des liens étroits. »
Les tentatives de lIran de créer une alliance avec Al Qaïda auraient été décidées par le président Mahmoud Ahmadinejad, qui pense que lIran et ce groupe partagent les mêmes objectifs : détruire linfluence de lAmérique et de ses alliés dans le grand Moyen Orient. M. Ahmadinejad désire également renforcer cette alliance dans le cas où lIran devait subir des sanctions des Nations Unies en raison de son refus de stopper son programme denrichissement nucléaire, un grand nombre de gouvernements occidentaux estimant que celui-ci fait partie dun programme clandestin de développement darmes nucléaires.
Si Al Qaïda consent à nommer al-Adel et dautres personnalités du groupe actuellement basées en Iran à des postes clés, les Iraniens acceptent en échange de lui fournir des facilités dentraînement et des équipements.
Les liens entre lIran et Al Qaïda remontent au début des années 1990, lorsque Ben Laden était basé au Soudan. Selon le rapport de la commission américaine du 11 septembre, les Gardiens de la Révolution dIran ont participé à la formation des combattants dAl Qaïda et les Iraniens étaient suspectés davoir mené aux côtés dAl Qaïda les attentats à la bombe contre une base militaire américaine à Dhahran, en Arabie Saoudite, en en juin 1996 qui a fait 19 morts parmi les officiers américains.
Ces liens de plus en plus importants sont vus avec beaucoup dinquiétude dans les cercles de renseignement occidentaux. LIran a un long passé de soutien aux groupes terroristes. Les Gardiens de la Révolution étaient les premiers responsables de la formation, le financement, lentraînement et léquipement du Hezbollah, milice libanaise radicale maintenant accusée de comploter le renversement du gouvernement libanais et la prise du pouvoir.
Toute amplification de linfluence de lIran sur Al Qaïda aurait potentiellement des effets dévastateurs pour la sécurité internationale. Al Qaïda ne fait aucun secret de son désir dacquérir des armes de destruction massive, dont des bombes nucléaires.
Les experts du renseignement estiment que lIran aura bientôt la capacité de développer ses propres armes nucléaires et on sait que Téhéran a développé un programme darmes chimiques extrêmement efficace.
« Nous voyons un scénario dapocalypse ici où Al Qaïda parviendrait finalement à son but ultime dacquérir des armes de destruction massive », a affirmé un haut responsable occidental du renseignement. « Et contrairement à dautres groupes terroristes, Al Qaïda a parfaitement lintention de sen servir. »