– Un sous-officier a « collaboré avec lennemi » en Afghanistan
– Un crime grave en vertu de lOfficial Secrets Act (loi relative aux secrets dEtat)
The Times, jeudi 21 décembre – Par Michael Evans et Stewart Tendler – Un soldat britannique est accusé davoir transmis des informations secrètes à lIran concernant une campagne militaire en Afghanistan, a appris le Times. Le caporal-chef Daniel James, 44 ans, a comparu devant le tribunal dinstance de Westminster, hier à Londres, accusé davoir enfreint la Section 1 de lOfficial Secrets Act en ayant communiqué des informations « utiles à lennemi ».
Laffaire était si délicate quaprès la lecture de lacte daccusation, les journalistes ont dû quitter la salle et le reste de laudience a eu lieu à huis clos.
Aucun détail biographique na été fourni, pas même sur le fait quil était soldat dans larmée, et aucune allusion na été faite dans lacte daccusation ou durant la courte partie de laudience ayant eu lieu en public sur lidentité de « lennemi ».
Cependant, le Times a appris que ce soldat était accusé davoir transmis des informations confidentielles concernant les activités de la Grande-Bretagne en Afghanistan à lIran, frontalier de lAfghanistan à louest de celui-ci et ayant un intérêt et une influence stratégiques dans la région.
Le caporal-chef James parle couramment le pashtoun, langue parlée par la majorité des Afghans, et fait office dinterprète pour le lieutenant général David Richards, commandant du contingent britannique des forces de lOTAN en Afghanistan. Le caporal-chef James a été arrêté mardi en Grande-Bretagne et mis en examen dans les heures qui ont suivi en raison de la gravité du crime présumé. Vraisemblablement, une enquête intensive a débuté afin didentifier la source de cette fuite présumée dinformations relatives à lAfghanistan.
La Grande-Bretagne compte environ 6000 soldats en Afghanistan, la majorité étant basés dans la province dHelmand dans le sud. La réaction a été si rapide que Lord Goldsmith, Queens Counsel, le procureur général, na pu donner le feu vert pour les poursuites avant même que le soldat ait été informé de laccusation pesant contre lui en vertu de lOfficial Secrets Act.
Le 2 novembre de cette année, la cour a lu lacte daccusation dans son intégralité, selon lequel, dans une intention préjudiciable à la sécurité de lEtat, Daniel James « a communiqué à une autre personne des informations jugées directement ou indirectement utiles à lennemi ».
Cette accusation relève de la Section 1 (1) (c) de lOfficial Secrets Act de 1911 qui prévoit que « quiconque, dans une intention préjudiciable à la sécurité ou aux intérêts de lEtat, obtenant ou communiquant à une autre personne un croquis, un plan, une maquette, un article, une note ou tout autre document ou information jugé, ou qui pourrait être jugé, directement ou indirectement, utile à un ennemi », se rend coupable dun crime passible dune peine de prison comprise entre trois et sept années.
La comparution du caporal-chef James devant le juge Timothy Workman a eu lieu dans le plus grand secret. Laffaire ne figurait pas sur la liste de la cour et la police a refusé de révéler le nom de laccusé avant laudience.
Une séance a eu lieu à huis clos pendant laquelle ont été formulés les arguments en faveur dun procès tenu en grande partie en secret. Le juge a décidé que cette affaire relevait de la sécurité nationale, ainsi, seules quelques minutes de la séance (qui a duré presque deux heures) ont été ouvertes à la presse et au public.
Le caporal-chef James na rien dit de toute la séance, excepté « Oui, Monsieur » pour confirmer son nom, sa date de naissance et le fait quil serait déféré. Après cette séance à huis clos, le juge a déclaré : « Jai reçu certaines informations qui me poussent à conclure quil sera nécessaire dentendre certains faits à huis clos parce quil existe un risque possible pour la sécurité nationale ». La partie plaignante, a-t-il précisé, a demandé un renvoi afin dobtenir le consentement du procureur général pour les poursuites.
Le caporal-chef James semblait à laise pendant que le juge lui apprenait quil serait placé en détention provisoire jusquau 27 décembre. Quatre officiers des renseignements généraux étaient présents au tribunal et James était assis au banc des accusés, entouré de deux gardes. Martyn Fischer, avocat du caporal-chef James, a refusé de faire des commentaires.