IranIran (actualité)Les Saoudiens inquiets mais désunis face à l'Iran

Les Saoudiens inquiets mais désunis face à l’Iran

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Le Figaro, 6 février – Pour contrer Téhéran dans le monde arabe, Riyad hésite entre la diplomatie et le soutien aux faucons américains.

Des éditoriaux de la presse aux réactions officielles, en passant par les conversations de majlis, ces salons où l’on parle de tout et de rien, la menace iranienne est omniprésente. L’aide financière de Téhéran au Hamas palestinien, son appui militaire au Hezbollah libanais et aux milices chiites d’Irak, ainsi que ses prétentions nucléaires constituent les principaux sujets de préoccupation de l’Arabie saoudite, gardienne des lieux saints musulmans, qui se considère comme le porte-drapeau naturel du monde sunnite, majoritaire en islam.

« S’il ne s’agit plus d’exporter la révolution, comme aux premiers jours du régime de Khomeyni, l’exportation du chiisme, telle qu’on l’observe aujourd’hui, n’est pas davantage acceptable », remarque Abdel Mohsen al-Hakas, ministre des Affaires sociales. Dans sa dernière interview à un journal koweïtien, le roi Abdallah n’a pas manqué de dénoncer les conversions au chiisme pratiquées dans certains pays arabes. À l’intérieur de leurs frontières, les Saoudiens redoutent que la minorité chiite (10 % de la population, largement laissée pour compte) n’en profite pour réclamer davantage de droits. « Ils sentent qu’ils ont le vent en poupe », note un observateur occidental, de retour des régions chiites où les récentes célébrations de la fête religieuse de l’Achoura ont été, cette année, largement suivies.

« Tous ces signaux montrent que Téhéran ne cherche pas à cohabiter en paix avec ses voisins », renchérit le ministre al-Hakas. Neveu du roi, le prince Bandar Bin Sultan n’en rencontre pas moins régulièrement Ali Larijani, son homologue iranien à la tête du Conseil à la sécurité nationale. La réponse de Téhéran selon un émissaire saoudien qui s’est rendu à six reprises en Iran depuis un an est claire : « »Ce n’est pas ainsi qu’il faut voir le problème, c’est une vision sioniste et impérialiste* ». Téhéran promet effectivement de modérer le Hezbollah ou de tenir la bride aux milices chiites irakiennes. « Devant le roi Abdallah (en janvier, NDLR), Larijani a passé la moitié de son temps à s’inquiéter des répercussions pour l’Iran de la division croissante entre chiites et sunnites, et il paraissait sincère », raconte un témoin. Mais au-delà des serments, Riyad ne voit aucun changement…

LUTTE ENTRE ARABES ET PERSANS

Face à ce « double langage », la patience des Saoudiens s’étiole. Si tous les responsables s’accordent sur le constat, ils semblent diverger en revanche sur la riposte pour contrer l’Iran. Attaquer ou continuer de leur parler ? Le roi privilégie l’approche diplomatique, et ne veut pas accréditer l’idée qu’une coalition d’États arabes est d’ores et déjà prête à soutenir une intervention militaire américaine, qui ne ferait que déstabiliser encore plus le Moyen-Orient. Derrière Bandar, certains princes, eux, afficheraient une posture plus « offensive ». « Nous ne sommes pas devant un problème chiite-sunnite, dit un de leurs représentants, mais une nouvelle fois, devant la vielle opposition entre Arabes et Persans. »

Si cette pluralité d’opinions permet à Riyad de jouer encore toutes les cartes sur le dossier iranien, elle a été l’une des principales causes de la démission du prince Turki al-Fayçal, un proche du roi, de son poste d’ambassadeur à Washington en décembre. « Quelques jours avant, Bandar est entré dans le bureau de Dick Cheney (le vice-président américain, NDLR) pour plaider une riposte militaire face à Téhéran », indique une source informée à Riyad. Ambassadeur aux États-Unis pendant vingt-trois ans, Bandar a gardé une forte capacité de lobbying auprès de l’Administration Bush, ce qui exaspérait depuis longtemps son successeur, avant de pousser finalement Turki à la démission. « Il n’y a qu’une seule politique face à l’Iran, c’est celle définie par le roi », jure Rihab Massoud, un proche conseiller de Bandar, qui reprend une opinion partagée à Riyad : « l’Iran ne pourra jamais être le leader du monde islamique. C’est un peu comme si le Chili prétendait produire du meilleur vin que la France », sourit-il.

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