Reuters, Ryad, 15 janvier – Par Tabassum Zakaria et Matt Spetalnick – Au deuxième jour de sa visite à Ryad, George Bush a demandé à l’Arabie saoudite de contribuer à combattre la flambée des prix du pétrole et mis en garde l’Iran contre toute provocation dans la région.
Le président américain a précisé qu’il parlerait du dossier pétrolier dans la soirée avec le roi Abdallah, qui le recevra dans son village de tentes d’Al Djanadriyah, près de Ryad.
Cette visite à Al Djanadriyah, où il passera la nuit, était l’occasion de mettre un temps de côté les dossiers de la paix au Proche-Orient, de la crise iranienne ou des ventes d’armes qui ont dominé le premier jour de sa visite.
Mais le chef de l’exécutif américain a souligné qu’il aborderait cet autre sujet épineux qu’est le pétrole avec le royaume saoudien, le plus puissant des Etats membres de l’Opep.
« J’espère que l’Opep, qui envisage différents niveaux de production, relèvera que si l’économie de l’un de ses plus gros consommateurs souffre, cela signifie moins d’achats, moins de gaz et de pétrole vendu », a-t-il averti.
« L’OPEP doit comprendre qu’il serait bienvenu d’augmenter ses livraisons sur le marché », a-t-il dit lors d’une rencontre avec des hommes d’affaires saoudiens. « Je parlerai de nouveau avec Sa Majesté (le roi Abdallah) du fait que les prix du pétrole sont trop élevés, ce qui est dur pour notre économie et représente un risque pour la croissance. »
L’organisation des pays exportateurs affirme qu’elle met suffisamment de pétrole sur le marché et impute la hausse des prix à la spéculation, à la faiblesse du dollar et aux tensions géopolitiques à travers le monde, notamment à la tension entre Washington et Téhéran.
En visite dimanche à Ryad, le président français Nicolas Sarkozy a déclaré que selon lui le baril de pétrole devrait s’échanger autour de 70 dollars, au lieu des 100 dollars actuels. Il a appelé l’Arabie saoudite à user de son influence pour modérer les prix.
MISE EN GARDE A TÉHÉRAN
Quand George Bush et Abdallah se promenaient ensemble, bras dessous, bras dessous, dans le ranch texan du président américain à Crawford il y a près de trois ans, le baril était à 54 dollars. A l’époque, le gouvernement saoudien estimait d’ailleurs que c’était un prix « manifestement trop élevé ».
Outre des rencontres avec des chefs d’entreprise, Bush doit consacrer sa journée de mardi au tourisme et à une visite auprès du personnel de l’ambassade américaine.
Soucieux de limiter l’influence iranienne dans la région, il a confirmé lundi sa volonté de faire avancer un projet d’envergure de vente d’armes au royaume wahhabite.
Quelques heures après l’arrivée à Ryad du président, son administration a annoncé avoir notifié au Congrès la vente d’un premier lot du contrat d’armement.
Ce lot comprend 900 systèmes de modernisation de bombes, pour une valeur totale de 120 millions de dollars (80 millions d’euros). Plusieurs voix en Israël et aux Etats-Unis se sont élevées contre cette vente qui pourrait remettre en cause l’équilibre militaire dans la région.
Soucieux de ne pas s’aliéner l’un de ses plus proches alliés dans le Golfe, Bush a évité de critiquer directement la situation des droits de l’homme en Arabie saoudite.
Sa tournée au Proche et Moyen-Orient doit s’achever mercredi, après une dernière étape en Egypte.
Evoquant les tensions dans la région, Bush a de nouveau mis en garde Téhéran contre de sérieuses conséquences si des navires iraniens cherchent la confrontation avec des bâtiments de l’US Navy dans le Golfe, à la suite de l’incident du 6 janvier dans le détroit d’Ormouz. Les Iraniens « feraient mieux d’être prudents et d’éviter toute provocation », a-t-il dit.
Il a toutefois réaffirmé qu’il entendait régler « diplomatiquement » la crise autour du programme nucléaire iranien.