IranIran (actualité)Irak/Iran : Dissidents iraniens en péril

Irak/Iran : Dissidents iraniens en péril

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ImageLa Libre Belgique, Par Vincent Braun – Vingt ans que le camp irakien d’Ashraf accueille des opposants au régime iranien. Mais les affrontements et les arrestations de fin juillet ont tendu la situation.

Un mois et demi que la police irakienne a brutalement investi le camp de réfugiés iraniens d’Ashraf, situé au nord-ouest de Bagdad. Les 28 et 29 juillet derniers, les forces de sécurité irakiennes ont pris d’assaut ce camp, construit dans les années 80 pour accueillir les membres de l’Organisation des Moudjahidin du peuple iranien (OMPI) et où résident quelque 3 500 de ces opposants en exil, ayant fui la chasse impitoyable que leur donne depuis des lustres le régime de Téhéran. Sauf que l’opération de fin juillet avait manifestement un but similaire, soit procéder à l’arrestation des leaders de ce mouvement dissident farouchement opposé au régime théocratique de Téhéran, et au final disperser les habitants du camp et repousser ceux-ci vers l’Iran.

Serait-ce la transmission aux autorités irakiennes de l’administration du camp, et donc de sa sécurité, qui était sous responsabilité américaine jusqu’en janvier dernier ? Toujours est-il que ces affrontements entre les policiers irakiens et les réfugiés iraniens ont fait onze morts et des centaines de blessés à l’intérieur du camp. Trente-six hommes ont aussi été arrêtés et emmenés au poste de police d’al-Khalis, une ville située à vingt-cinq kilomètres d’Ashraf.

Devant les violations flagrantes des conventions des droits de l’homme et des réfugiés, les réactions de la communauté internationale sont restées timides, voire inconsistantes. Et ce ne sont ni les multiples manifestations dans le monde, ni les dénonciations des organisations des droits de l’homme, ni même l’état de santé dégradé des détenus du fait de la grève de la faim que ceux-ci mènent depuis plus de quarante jours pour protester contre leur détention – sans parler des possibles mauvais traitements ou tortures subis – qui ont davantage incité les autorités irakiennes à résoudre cette situation intenable. Mais le vent semble tourner.

Cet espoir, d’abord, né de la décision d’un juge d’instruction irakien qui, faute de charges à retenir envers les détenus, avait ordonné leur libération le 24 août dernier. La police avait alors refusé de les relâcher, alors qu’un procureur de Baquba, dans la province de Diyala (où se trouve Ashraf), faisait appel de la décision du juge, ce qui justifiait leur maintien en détention. Cet appel doit encore être examiné par la Cour de cassation.

Vendredi, l’ambassadeur américain en Irak, Christopher Hill, s’est vu bombarder de questions sur les suites à donner au cas Ashraf, alors qu’il témoignait devant la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants. Le diplomate a notamment promis de faire pression sur le gouvernement irakien pour que les habitants du camp soient traités avec humanité. Il a aussi indiqué que les Etats-Unis feraient en sorte d’éviter que ceux-ci ainsi que les trente-six Moudjahidin du peuple arrêtés après les affrontements soient "reconduits de force vers l’Iran". "Leur souveraineté sur leur territoire ne doit pas se faire au détriment des droits humains"

Amnesty International faisait part, vendredi également, du courrier récemment envoyé au Premier ministre irakien Nuri al-Maliki, enjoignant ce dernier de lancer "une enquête complète et indépendante sur les méthodes utilisées par les forces de sécurité irakiennes pour prendre le contrôle du camp d’Ashraf et d’en publier aussi vite que possible les résultats". L’organisation y demande aussi au Premier irakien de relaxer sur le champ et sans condition les trente-six détenus, à moins qu’ils ne doivent répondre de charges criminelles devant un tribunal.

Quant au Conseil national de la résistance iranien (CNRI), il déclare l’état d’urgence. Ce "parlement en exil", qui rassemble la majorité des composantes ethniques et religieuses de la société iranienne, presse aujourd’hui la Belgique, l’Union européenne (dont le Parlement a, en avril dernier, adopté une résolution ferme sur la situation humanitaire du camp d’Ashraf) ainsi que les Nations unies de condamner clairement les actes commis par la police irakienne et de mettre un terme à la situation qui en résulte. "L’Irak ne peut traiter les réfugiés de la sorte. Cette situation ne peut être tolérée plus longtemps", nous a déclaré Firouz Mahvi, membre du Comité des affaires étrangères du CNRI.
 
 12 septembre

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