IranIran (actualité)La vindicte post mortem du pouvoir iranien

La vindicte post mortem du pouvoir iranien

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Le Monde: Lorsque le grand ayatollah Hossein Ali Montazeri est mort, à 87 ans, fin décembre 2009 à Qom, la ville sainte iranienne, les forces de sécurité étaient intervenues pour limiter au maximum les cérémonies du deuil. Il est vrai que ce " marja " (" source d’imitation "), une des plus hautes autorités religieuses chiites, faisait figure depuis vingt ans de chantre de la contestation, lui qui fustigeait les dérives autoritaires du Guide suprême, Ali Khamenei, et du régime, devenu à ses yeux, une " dictature religieuse ".

Empêcher que ses funérailles ne soient l’occasion, pour des milliers de manifestants, de conspuer le gouvernement pouvait paraître sacrilège et déplacé mais en partie justifié aux yeux des autorités, dans la logique répressive en cours depuis des mois en Iran. Mais, que pareille vindicte puisse se transmette " post mortem " à son épouse, Mah Soltan Rabani, bien peu l’avaient imaginé.

Or, celle-ci est morte, à plus de 80 ans, samedi 27 mars, à Qom. Conformément aux voeux de cette femme effacée mais respectée car tout à la fois " mère de martyr ", depuis l’assassinat d’un de ses fils dans un attentat au début de la révolution islamique de 1979, et femme de " source d’imitation ", ses proches ont voulu l’enterrer aux côtés de son fils et de son mari dans le mausolée Masoumeh, le lieu de culte le plus sacré de la ville.

Lorsque le grand ayatollah Hossein Ali Montazeri est mort, à 87 ans, fin décembre 2009 à Qom, la ville sainte iranienne, les forces de sécurité étaient intervenues pour limiter au maximum les cérémonies du deuil. Il est vrai que ce " marja " (" source d’imitation "), une des plus hautes autorités religieuses chiites, faisait figure depuis vingt ans de chantre de la contestation, lui qui fustigeait les dérives autoritaires du Guide suprême, Ali Khamenei, et du régime, devenu à ses yeux, une " dictature religieuse ".

Empêcher que ses funérailles ne soient l’occasion, pour des milliers de manifestants, de conspuer le gouvernement pouvait paraître sacrilège et déplacé mais en partie justifié aux yeux des autorités, dans la logique répressive en cours depuis des mois en Iran. Mais, que pareille vindicte puisse se transmette " post mortem " à son épouse, Mah Soltan Rabani, bien peu l’avaient imaginé.

Or, celle-ci est morte, à plus de 80 ans, samedi 27 mars, à Qom. Conformément aux voeux de cette femme effacée mais respectée car tout à la fois " mère de martyr ", depuis l’assassinat d’un de ses fils dans un attentat au début de la révolution islamique de 1979, et femme de " source d’imitation ", ses proches ont voulu l’enterrer aux côtés de son fils et de son mari dans le mausolée Masoumeh, le lieu de culte le plus sacré de la ville.

Ce droit leur fut refusé par les représentants du Guide suprême. Ils demandèrent une explication. La réponse ne vint jamais. Sinon sous la forme d’un commando d’agents des services secrets qui, devant la foule en deuil qui se pressait devant le mausolée, emmena le corps, dirent des témoins, pour couper court aux rassemblements, l’enterrant en grande hâte et en toute discrétion à la périphérie de la ville.

Une prière en guise de défi

Qu’importe. Choqués, de nombreux " marjas " ou leurs représentants, dont ceux de l’ayatollah Saanei, Moussavi Ardebili ou Sistani, s’étaient rassemblés pour prier sous la houlette de l’un des plus respectés, le grand ayatollah Chobeyr Zandjani. Une prière, ont estimé certains commentateurs, en forme de défi à l’autorité " religieuse " du Guide suprême, souvent critiqué à Qom pour sa conception trop " politique " de sa fonction.

Le défi aux autorités " temporelles " ne se fera pas attendre : même sans pouvoir suivre la dépouille, comme le veut la tradition, plusieurs centaines d’Iraniens en deuil ont maintenu la marche funèbre, défilant dans les rues de Qom, sous haute surveillance. Très vite des slogans politiques contre la " dictature " ont fusé et ce que les services secrets avaient voulu éviter à tout prix est arrivé : des heurts ont opposé manifestants et forces de l’ordre. Une trentaine de personnes auraient été arrêtées. Conclusion de l’un des fils de la défunte : " Par cette action regrettable les services secrets ont clairement montré leur peur. Ils sont même effrayés par un corps sans vie.

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