PARIS, 12 mai 2011 (AFP) – Vingt-quatre opposants iraniens appartenant à la mouvance des Moudjahidine du peuple ont bénéficié d’un non-lieu en France, après avoir été soupçonnés de faits de terrorisme à la suite d’une spectaculaire opération policière en juin 2003, a-t-on appris jeudi de source proche de l’enquête.
Parmi les bénéficiaires du non-lieu prononcé par le parquet de Paris figure Maryam Radjavi, présidente du Conseil national de la Résistance Iranienne (CNRI), dont l’Organisation des Moudjahidine du peuple iranien (OMPI) est la principale composante.
Le siège du CNRI se trouve à Auvers-sur-Oise, au nord de Paris.
Ces 24 opposants iraniens étaient poursuivis pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».
A l’aube du 17 juin 2003, sur instruction de l’ancien juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, 164 militants du CNRI avaient été interpellés dans leurs locaux de cette bourgade tranquille. Quelque 1.300 policiers armés et cagoulés avaient pénétré dans les bureaux du CNRI.
La plupart des interpellés avaient été rapidement relâchés. Maryam Radjavi était restée onze jours en détention.
A ce jour, neuf d’entre eux restent toutefois mis en examen (inculpés) pour des faits à caractère financier, a-t-on ajouté.
Alors ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy avait justifié l’opération à l’Assemblée nationale en assurant que « les Moudjahidine voulaient faire de la France leur base arrière ».
Le CNRI, dont la direction est en exil en Europe, représente la principale force d’opposition extérieure au régime de la République islamique d’Iran.
Les Moudjahidine du peuple avaient été retirés le 26 janvier 2009 de la liste des organisations terroristes de l’Union européenne, sur laquelle ils étaient depuis 2002. Ils figurent toujours sur celle du Département d’Etat américain.
Fondée en 1965, l’organisation a contribué à renverser le régime du Chah en 1979, mais s’est ensuite retournée contre la République islamique. Elle a affirmé en 2001 avoir renoncé à la violence.
Les enquêteurs français soupçonnaient que l’argent collecté en France par l’OMPI, via l’association Iran Aid censée venir en aide aux orphelins de Téhéran, était détourné pour « financement du terrorisme ».
« Dès le début, nous n’avons cessé de dénoncer l’absence de preuve et le fait que l’opération d’Auvers-sur-Oise était le résultat d’un marchandage politique avec le régime des mollahs iraniens », a réagi Me Wiliam Bourdon, l’avocat des opposants.
« L’ordonnance (de non lieu) est sans précédent », selon lui. « Elle se fonde notamment sur le droit légitime de résister à l’oppression. Ce qui fait de nos clients un mouvement d’opposition parfaitement respectable comme cela a été consacré par toutes les juridictions européennes depuis des années », a-t-il dit.